La Haute autorité pour la transparence de la vie publique a annoncé lundi avoir saisi la justice de la déclaration de patrimoine de fin de mandat de l’ex-député LR et ancien judoka David Douillet, en raison d’un doute sérieux lié à l’omission d’une partie substantielle du patrimoine.
Dans un communiqué, la HATVP indique avoir “jugé nécessaire de porter ces faits, susceptibles de constituer des infractions pénales, à la connaissance du procureur de la République de Paris et lui a transmis l’ensemble du dossier”.
Cette autorité indépendante estime, “après instruction du dossier et recueil de ses observations”, qu’il y a “un doute sérieux quant à l’exhaustivité, l’exactitude et la sincérité de cette déclaration” de fin de mandat établie fin 2016 “du fait de l’omission d’une partie substantielle du patrimoine”.
De source proche du dossier, il s’agit de la sous-évaluation de différents éléments du patrimoine de l’ancien ministre des Sports et actuel conseiller régional d’Ile-de-France, également actionnaire de plusieurs sociétés selon sa déclaration d’intérêts.
Les évaluations de plusieurs biens mobiliers et de sa société Double D Import (équipements de sport) seraient en cause.
Le parquet peut décider d’ouvrir une enquête judiciaire, comme il l’a fait pour d’autres cas notamment de parlementaires signalés par la HATVP.
La Fédération française de boxe avait été condamnée en juillet 2012 à verser plus de 53.000 euros à Double D Import, dans le cadre d’un différend commercial les opposant. Double D Import avait assigné la FFB dans le cadre de l’exécution d’un contrat de partenariat exclusif pour la distribution d’équipements de sports siglés de la marque Adidas.
David Douillet était passé avec une extrême rapidité des sommets de l’Olympe aux cabinets ministériels, un passage facilité par sa proximité avec Bernadette Chirac, la femme de l’ancien président Jacques Chirac.
La carrière sportive de M. Douillet peut se résumer en trois dates fondamentales: un premier sacre olympique chez les lourds en judo le 20 juillet 1996 à Atlanta, un accident de moto le 30 septembre de la même année qui remet en cause sa carrière et un doublé à Sydney le 22 septembre 2000, qui en fit le deuxième judoka de l’histoire à conserver son titre olympique dans sa catégorie après le Japonais Hitoshi Saito (1984-1988).
Véritable légende de son sport, il s’est également construit une forte popularité, devenant en décembre 2000 et en juin 2001 la personnalité préférée des Français, selon le classement de l’institut Ifop pour le Journal du dimanche.
Parrain de l’opération “Pièces jaunes” de Bernadette Chirac jusqu’en 2009, il est entré en politique, s’engageant à l’UMP, après sa carrière sportive. Il a remplacé Chantal Jouanno comme ministre des Sports de septembre 2011 à mai 2012 et, après un premier mandat, a été réélu député dans les Yvelines (12e circonscription) en juin 2012, puis battu en juin 2017 par Florence Granjus (LREM).
En mai dernier, M. Douillet avait échoué à prendre la présidence du Comité national olympique et sportif français (CNOSF).