Le témoignage de l’ancienne conseillère de Bertrand Delanoë, Véronique Haché, est le quatorzième dans l’affaire Denis Baupin, visé par une enquête préliminaire pour agression et harcèlement sexuels.
“Il faut que toutes les femmes sachent qu’il ne faut pas avoir peur et qu’on se serre les coudes” . Véronique Haché, ancienne conseillère de Bertrand Delanoë et actuelle directrice d’Autolib’ à Paris, a porté plainte en juin contre Denis Baupin pour tentative d’agression sexuelle, a-t-elle expliqué à Mediapart et France Inter, qui publient son témoignage ce mardi 13 septembre.
“CE N’EST PAS À MOI DE M’AUTOCENSURER”
Cette nouvelle plainte est la quatrième contre le député écologiste, visé par une enquête préliminaire en cours pour harcèlement et agression sexuels, et appels téléphoniques malveillants. C’est également le quatorzième témoignage recueilli par les deux médias.
Les faits sont prescrits, mais “ce n’est pas à moi de m’autocensurer”, estime Véronique Haché.
En juillet 2004, elle était conseillère transports du maire de Paris de l’époque, Bertrand Delanoë, et devait travailler avec Denis Baupin, élu en charge de ce dossier. Ce dernier “vient la retrouver dans son bureau. Elle finit par lui demander de quitter la pièce”, explique Mediapart. Des textos reçus quelques semaines plus tard la décident à quitter le cabinet de Delanoë.
LE LIBERTINAGE : “UNE FAÇON DE RENVOYER AUX FEMMES UNE IMAGE D’ELLES NÉGATIVE”
A l’époque, choquée, elle garde le silence. Mais c’est la ligne de défense avancée par Denis Baupin dans le cadre de l’enquête – il prétend qu’il ne s’agit que de libertinage -, qui l’a décidée à porter plainte, raconte France Inter :
“Le sujet du libertinage c’est une façon de renvoyer aux femmes une image d’elles négative, sur le thème ‘tu n’es pas assez intelligente pour comprendre ce que je veux faire’…On m’a demandé de prendre conscience des conséquences de mon témoignage. On renvoie toujours aux femmes la responsabilité de la prise de parole. Je pense que le vrai sujet aujourd’hui c’est de savoir quels sont les outils qui sont mis à la disposition des femmes pour qu’elles puissent parler. Je crois qu’il faut y aller, qu’on se serre les coudes et que l’on réclame les dispositifs qui nous permettent de témoigner”.
L’affaire Baupin a éclaté en mai 2016 avec la publication par Mediapart et France Inter de huit premiers témoignages, dont ceux de quatre femmes écologistes, relatant en majorité des séries de SMS insistants à caractère sexuel. Sandrine Rousseau, actuelle porte-parole d’EELV, décrivait elle une scène d’agression sexuelle lors d’une réunion politique en octobre 2011.
Une enquête avait été ouverte par le parquet dans la foulée et Denis Baupin avait démissionné de son poste de vice-président de l’Assemblée nationale. En juin, Sandrine Rousseau, la députée Isabelle Attard et l’adjointe au maire du Mans Elen Debost ont porté plainte pour harcèlement sexuel ou agression sexuelle.
BAUPIN REJETTE CETTE NOUVELLE ACCUSATION
A la suite de cette nouvelle plainte, Denis Baupin a réagi par l’intermédiaire d’un communiqué de son avocat, indiquant “qu’il a d’ores et déjà fourni à la police judiciaire tous les éléments permettant d’attester du caractère infondé des accusations portées contre lui, y compris de celle présentée ce jour comme nouvelle et qui porte sur une période remontant à une douzaine d’années”.
“Monsieur Denis Baupin tient à réaffirmer son innocence et qu’il se réserve le droit en temps utile de déposer plainte contre les dénonciations calomnieuses, dans le souci de faire rétablir la vérité et son honneur”, conclut le communiqué.