Nicolas Sarkozy réitère ses critiques concernant l’action du gouvernement dans la lutte contre le terrorisme et déroule ses propres propositions, quitte à “adapter l’État de droit”. -
Après l’attentat dans une église près de Rouen, et alors que la polémique sur l’attentat de Nice n’est pas encore retombée, Nicolas Sarkozy a déclaré mardi 27 juillet que l’Etat devait la “vérité” aux Français, qui ne pourraient accepter un éventuel mensonge d’Etat.
“L’urgence, c’est la sécurité des Français. Et cela passe par la vérité.
Le gouvernement la doit aux familles des victimes et à tous les Français”, affirme le président du parti Les Républicains dans un entretien publié sur le site du Monde. “A Nice, des versions totalement contradictoires ont été exposées, notamment sur les effectifs présents. Y a-t-il eu mensonge ou pas ? S’il était avéré qu’il y a eu un mensonge d’Etat, notre pays, pas plus qu’aucune démocratie, ne pourrait l’accepter”, indique-t-il.
“De même, à Saint-Etienne-du-Rouvray, toute la lumière devra être faite sur le parcours judiciaire de ces terroristes, sur les moyens de surveillance et sur l’appréciation de la dangerosité de ces individus”, poursuit Nicolas Sarkozy. “Le gouvernement devra répondre à la question : comment des individus fichés, dont l’un est sous contrôle judiciaire pour avoir essayé d’aller faire le djihad en Syrie, ont été laissés libres de commettre un tel attentat ?”
Le problème, estime l’ancien président, c’est que la gauche est “tétanisée”, et qu’elle n’est pas apte à faire le nécessaire pour protéger les Français. “La violence et la barbarie ont sidéré une partie de la gauche française en janvier 2015. Tous ses repères se sont évanouis et elle s’est accrochée à un discours qui ne correspond plus à la réalité”, dénonce l’ancien chef de l’Etat au lendemain de l’attentat qui a visé une église près de Rouen mardi. “Elle a continué à appliquer le désarmement pénal mis en place par (l’ancienne ministre de la Justice) Christiane Taubira, alors même que nous avions besoin de plus de sévérité dans l’application des peines”, accuse-t-il. “Tous ces principes se retrouvent balayés par la réalité et la gauche est tétanisée. Et aujourd’hui, elle se refuse à vraiment faire bouger les lignes de droit pour l’adapter à l’ampleur de la menace”.
Le président des Républicains, quasi-candidat à la primaire de droite pour 2017, plaide à nouveau pour “un autre degré de riposte”, rappelant que “depuis 2015, il y a eu huit attentats qui ont fait 236 victimes”. “Est-ce que tout a été fait depuis dix-huit mois ? La réponse est clairement non”.
Quelles sont les solutions alors proposées par l’ancien président ? Tout d’abord, Nicolas Sarkozy préconise la privation de liberté des personnes qui ont essayé ou réussi à se rendre en Syrie ou en Irak pour faire le jihad. Il souhaite également la rétention administrative des individus radicalisés les plus dangereux. Est-ce que ces mesures mettent en péril l’Etat de droit ? Peut-être, mais l’heure n’est plus aux demi-mesures, estime l’ancien président. “Adapter l’Etat de droit ne veut pas dire le remettre en cause. Nous ne pouvons rester dans le cadre actuel face à une situation exceptionnelle qui a vocation à durer”, explique-t-il.
Il est “indispensable d’expulser immédiatement tout étranger condamné pour terrorisme, ce que la réforme de la double peine en 2003 n’a jamais empêché”, a-t-il dit. “Mais il faut aller plus loin”, estime l’ancien chef de l’Etat, soulignant que “le situation sécuritaire n’a plus rien à voir”. “En 2003, les conditions d’application de la double peine avaient été modifiées pour tenir compte des obligations européennes sur la vie familiale”, justifie-t-il. “Aujourd’hui, ce sont ces dispositions européennes qui doivent être adaptées car il est indispensable que tout étranger condamné pour un crime ou un délit à une peine de plus de cinq ans d’emprisonnement soit expulsé systématiquement”, estime-t-il.