Benoît Hamon, Christian Paul, François Lamy ou Yannick Jadot font également partie des signataires de la tribune.
Trop, c’est trop”. Des politiciens et des intellectuels signent, mercredi 25 février dans Le Monde, une tribune très critique à l’encontre de l’exécutif. La maire de Lille Martine Aubry et l’écologiste Daniel Cohn-Bendit, notamment, accusent François Hollande et Manuel Valls de conduire à l'”affaiblissement durable de la France”.
“Ce n’est plus simplement l’échec du quinquennat qui se profile, mais un affaiblissement durable de la France qui se prépare, et bien évidemment de la gauche, s’il n’est pas mis un coup d’arrêt à la chute dans laquelle nous sommes entraînés”, écrivent les auteurs de cette tribune, qui reprochent également à Manuel Valls “la meurtrissure de l’indécent discours de Munich”, où le Premier ministre avait critiqué la politique de l’Allemagne envers les réfugiés.
Les 18 signataires, parmi lesquels l’ancien ministre Benoît Hamon, le frondeur Christian Paul, l’écologiste Yannick Jadot ou encore le sociologue Michel Wierviorka, le généticien Axel Kahn et l’économiste Daniel Cohenn énumèrent à 14 mois du scrutin présidentiel les griefs à l’encontre de l’exécutif. Ils dénoncent le pacte de responsabilité, soit “41 milliards d’euros mobilisés pour rien” au bénéfice des entreprises, le “désolant débat sur la déchéance de nationalité” à laquelle ils demandent à François Hollande de renoncer au profit d’une peine d’indignité nationale pour les terroristes, et le projet de loi sur le Travail de Myriam El Khomri.
“C’est toute la construction des relations sociales de notre pays qui est mise à bas en renversant la hiérarchie des normes et en privilégiant l’accord dans l’entreprise dans un pays où le taux de syndicalisation est faible et où le patronat n’a jamais aimé la négociation”.
Le discours “indécent” de Manuel Valls
“À qui fera-t-on croire qu’en multipliant les facilités de licenciements (…
qu’on favorisera ainsi l’emploi ?”, “Qui peut imaginer que, en généralisant les possibilités de ne plus payer les heures supplémentaires en heures supplémentaires (…
on améliorera la situation de l’emploi en France ?”, poursuivent-ils.
Les signataires reprochent également à Manuel Valls “la meurtrissure de l’indécent discours de Munich”. Le Premier ministre avait indiqué ne pas être favorable à la mise en oeuvre d’un mécanisme permanent de répartition des réfugiés dans l’Union européenne comme le propose la chancelière allemande Angela Merkel, dont il avait plus généralement, et depuis l’Allemagne, critiqué la politique migratoire.
“Non, Angela Merkel n’est pas naïve, Monsieur le Premier ministre. Non elle n’a pas commis une erreur historique. Non, elle n’a pas mis en danger l’Europe, elle l’a sauvée. Elle l’a sauvée du déshonneur qui aurait consisté à fermer totalement nos portes à toutes ces femmes, ces hommes et enfants fuyant les persécutions et la mort et en oubliant ceux qui chaque jour perdent la vie en Méditerranée”, estiment les signataires.
Michel Sapin appelle à “éviter les postures
Côté exécutif, c’est Michel Sapin qui s’est chargé de la riposte. Aux signataires, il a recommandé d’éviter les “postures”. “Quand on est dans une période difficile, la France comme la gauche, il faut éviter les postures”, a lancé M. Sapin dans l’émission “Questions d’info” sur LCP/France Info/AFP/LeMonde. Le ministre des Finances a déploré “l’amalgame” des sujets opéré dans la tribune, de la réforme du droit du Travail à l’accueil des réfugiés, et estime qu’elle n’est “pas de l’argumentation politique”.
Martine Aubry, ancienne ministre et signataire de la motion majoritaire lors du dernier congrès du PS, en 2015, fait partie de ceux qui “savent très bien quelles sont les difficultés de l’exercice d’un quinquennat” a-t-il ajouté, et “que ces périodes difficiles se traversent par du dialogue, du débat et de la solidarité”.
Coup de bistouri qui tranche
De son côté, François Bayrou n’est pas vraiment surpris par un tel coup de gueule. “Il y a des mois qu’on voit venir la révélation de la fracture définitive de la gauche, d’un accident historique qui, en effet, va frapper la gauche, parce qu’elle n’a pas tenu ses promesses et qu’elle a été dans l’ambiguïté” selon le président du MoDem.
“Et cette tribune là, qui n’est pas signée que par Martine Aubry, (…
c’est une tribune qui, en effet, est le coup de bistouri qui tranche, qui approfondit cette rupture là. On est face à la rupture de la gauche, ça oui” analyse le maire de Pau, qui assure avoir vu venir “ce choc entre la gauche et la réalité” et qui ne “s’en relèvera pas de sitôt”.