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Bastia : des explosifs dangereux découverts avant la manifestation
20 February 2016
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Des bombes artisanales avaient été dissimulées aux abords de la préfecture, alors que doit se tenir une manifestation à haut risque en Corse.
La tension est à son comble à Bastia (Haute-Corse) avant une manifestation de soutien à un jeune supporter de football blessé la semaine dernière lors d’affrontements avec les forces de l’ordre à Reims. Des engins explosifs “de forte intensité et dangereux pour les personnes” ont été découverts près de la préfecture ce samedi après-midi, révèle la préfecture. Il s’agit de boules de pétanque évidées et remplies d’explosif, a précisé une source proche du dossier à l’AFP. Ces explosifs ont été découverts “dans le cadre des vérifications préparatoires à la manifestation de cet après-midi à Bastia (… dissimulés aux abords de la préfecture”, selon un communiqué de la préfecture.
Ces constatations révèlent les vélléités de confrontation et d’agression de la part de certains, qui vont à l’encontre de la volonté de tous que la manifestation se fasse dans le calme”, indique le texte. “Le préfet en appelle à la responsabilité des organisateurs pour empêcher tout dérapage et demande à chacun qui souhaite exercer son droit à manifester de le faire dans la dignité”, conclut la préfecture.
Cette manifestation doit se dérouler à l’appel notamment du principal club de supporters du Sporting club de Bastia (SCB), Bastia 1905, en signe de soutien à un supporter grièvement blessé dans des heurts avec la police le 13 février à Reims. Depuis ces incidents, des heurts violents ont opposé à plusieurs reprises manifestants et forces de l’ordre, à Bastia et à Corte, sans faire de blessé.
Avant même la découverte des engins explosifs, les craintes d’incidents étaient vives dans la préfecture de Haute-Corse. Plusieurs heures avant la manifestation, les rues étaient désertes et les magasins fermés. Un important dispositif policier, renforcé notamment par des effectifs venus de Nice et de Marseille, devait être déployé. En milieu de journée, ce dispositif restait toutefois encore discret, des fourgons de CRS étaient stationnés derrière le Palais de justice de Bastia, d’où est partie la manifestation.
Depuis quelques jours, les appels à l’apaisement se sont multipliés. Le jeune homme blessé à Reims, Maxime Beux, 22 ans, est rentré en Corse samedi matin. Il a appelé “à la sérénité, à la dignité et au calme”, par la voix de son avocate Cynthia Costa-Sigrist. Vendredi soir, le président nationaliste de l’exécutif de la Collectivité territoriale de Corse Gilles Simeoni a appelé à “désamorcer cette logique de confrontation”, tout en mettant en garde contre “des risques avérés de dérapages et d’affrontements”. Le président nationaliste de l’Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni a lui aussi appelé au “calme, à la dignité et à la sérénité”.
“Nous insistons encore une fois sur notre volonté d’apaisement (…. Ne laissons pas à nos ennemis la moindre opportunité de nous salir”, ont indiqué sur Facebook les membres de Bastia 1905, qui réclament une enquête “totalement impartiale” sur “l’agression” de Maxime Beux.
Ce dernier assure avoir été blessé par un tir de flash-ball des forces de l’ordre, dans les incidents qui ont opposé des supporters bastiais et des policiers à Reims, samedi dernier, après le match Reims-Bastia. Il évoque même, selon son avocate, “un guet-apens tendu par les policiers”. Le parquet de Reims assure de son côté qu’il se serait blessé en tombant sur un poteau, alors qu’il était poursuivi par des policiers. Une information judiciaire pour “violences volontaires” a été ouverte à Reims et l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie. Les sept supporters du club impliqués dans les événements – mais pas de Maxime Beux – ont également porté plainte pour “violences aggravées”. Tous sont également poursuivis et doivent comparaître le 22 mars à Reims.
Les événements de Reims surviennent dans un contexte marqué par les crispations entre Paris et les dirigeants nationalistes corses, parvenus au pouvoir à la faveur d’une victoire historique lors des élections territoriales de décembre. Des incidents violents ont éclaté dès dimanche soir à Bastia, puis lundi et mardi à Corte. L’université de Corte a été bloquée par les syndicats étudiants nationalistes pendant trois jours. Les cours avaient repris jeudi, mais le blocage a repris dès vendredi, pour protester contre la condamnation à 10 mois de prison, dont 5 ferme, prononcée à l’encontre d’un étudiant interpellé lors des incidents de mardi soir à Corte.
À la différence des grandes manifestations nationalistes des années 1980-90, strictement encadrées par des organisations politico-militaires, des groupes de jeunes gens très mobiles et déterminés affrontent désormais les forces de l’ordre dans de véritables scènes de guérilla urbaine en fin de défilé.
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