La construction de téléphones mobiles est au coeur de plusieurs enquêtes qui s’interrogent sur sa toxicité. Cancers, maladies de l’enfant, eaux polluées seraient les résultats directs des produits chimiques utilisés pour fabriquer nos téléphones.
Plusieurs marques de téléphones portables, dont LG, Samsung et Sony utiliseraient des modes de fabrication parfois destructeurs pour leurs employés. Les smartphones sont-ils dangereux pour ceux qui les fabriquent? Le Huffington Post et Cash Investigation, l’émission de France 2, se sont tous deux récemment intéressés à l’industrie de la téléphonie mobile. Dans leurs enquêtes, les deux médias montrent que les étapes de construction de nos smartphones ont été et sont toujours dangereuses pour la santé des ouvriers qui les effectuent, mais aussi pour celle de leur entourage.
“Le terrible secret de Samsung”
C’est sur Samsung que se concentre le Huffington Post dans son enquête titrée “Le terrible secret de Samsung: les larmes des ‘enfants semi-conducteur’“. Le site d’informations rapporte le témoignage bouleversant de Kim Heeeun, une femme sud-coréenne de 42 ans. Ancienne ouvrière dans les usines de semi-conducteur de Samsung Electronics à Onyang en Corée du Sud, elle souffre aujourd’hui de plusieurs cancers.
Fait étrange, son fils Gunoo est lui aussi malade depuis sa naissance. Né avec de gros problèmes digestifs, l’adolescent de 15 ans n’a aujourd’hui plus de gros intestin. Ce témoignage, premier d’une longue liste, expose les “larmes de la deuxième génération des semi-conducteurs”: les enfants d’anciens ouvriers, eux aussi malades. Le journaliste met en cause l’exposition des parents aux produits chimiques.
“Baotou, la ville des cancers”
Cash Investigation, présentée par Elise Lucet sur France 2, diffusait le 4 novembre le reportage “Les secrets inavouables de nos téléphones portables“. L’émission s’intéressait notamment à une usine de conditionnement de néodyme (principale composante des aimants contenus dans nos smartphones) à Baogang, au Nord de la Chine. L’entreprise propriétaire de l’usine -Baogang Group- est un sous-traitant indirect de Sony et un partenaire de LG, tous deux constructeurs de téléphones portables. Chaque année, l’usine rejette dans le lac voisin 600.000 tonnes de résidus chimiques.
Une eau qui -selon Bernard Legube, spécialiste de la chimie de l’eau à l’Université de Poitiers et interviewé par France 2- “pourrait entraîner des problèmes de tension, et à terme d’hypertension. Des problèmes qui pourraient aller jusqu’à des cancers de la peau, de l’intestin et de la vessie”. Une spéculation qui se vérifie à l’hôpital de Baotou, proche de l’usine. Le personnel soignant interrogé témoigne: “S’il y a autant de cancers, c’est parce que l’eau est polluée, c’est à cause de ça que les gens sont malades.”
Pas de réaction pour l’instant
Sony et LG n’ont pas, depuis la diffusion du reportage, mis un terme à leur collaboration avec Baogang. Chez Samsung, on ne reconnaît pas encore la deuxième génération de victimes des semi-conducteurs évoquée par le Huffington Post.