L’incompréhension domine et la colère gronde suite aux violences policières qui ont émaillé la manifestation contre la loi travail de ce jeudi. Les autorités se sont dites “choquées”, et les lycéens ont jetté des projectiles sur deux commissariats parisiens.
Les réactions ont été vives suite à la diffusion d’une vidéo dans laquelle un policier frappe un jeune de 15 ans. Le préfet de police ainsi que Bernard Cazeneuve se sont tous deux dits “choqués”. Par ailleurs, une enquête de la “police des polices” a été ouverte.
Les commissariats du Xe et du XIXe arrondissements de Paris ont été ce vendredi la cible de jets de pierres et de dégradations par des groupes de lycéens, qui dénonçaient le traitement subi la veille par un camarade, frappé par un policier.
Une bande de jeunes a notamment jeté des pierres contre le commissariat du XIXe, brisant plusieurs vitres, alors que les policiers étaient retranchés à l’intérieur, et taguant sur la façade “Mort aux flics”. Le commissariat a fermé après ces incidents.
Un groupe de plusieurs dizaines de jeunes s’est également rendu devant le commissariat central du Xe arrondissement parisien, brûlant des fumigènes, renversant des poubelles et des barrières et jetant des projectiles contre la façade du bâtiment.
Une centaine de lycéens s’était auparavant réunie dans le calme vendredi dès 8H00 devant le lycée Henri-Bergson, dans le XIXe arrondissement, se disant “choqués” par l’image de leur camarade frappé la veille par un policier, alors que les jeunes tentaient de bloquer leur école pour contester la loi travail.
– Vives réactions –
Les images ont tourné en boucle sur Twitter et Facebook ce jeudi 24 mars. La vidéo montre un jeune à terre, relevé par un policier qui crie “lève toi !”. Alors que l’adolescent titubant est en train de se relever, tenu par deux policiers, un des fonctionnaires lui assène un coup de poing violent. Ce court film aurait été tourné jeudi matin, devant le lycée Henri-Bergson, dans le 19e arrondissement de Paris, selon des étudiants.
La Fédération de parents d’élèves envisage de déposer plainte. Les parents d’élèves de ce collège-lycée Bergson ont dénoncé cette brutalité policière : “De voir un jeune se prendre un coup de poing par la police alors qu’il est maintenu par deux autres policiers, c’est extrêmement choquant”, s’est indignée sur France Info Isabelle Konopnicki, représentante de la FCPE dans l’établissement.
Une délégation d’élèves du lycée Bergson, des représentants de l’organisation lycéenne Fidl, du rectorat de Paris, de la préfecture et le proviseur de l’établissement se sont réunis vendredi en début de matinée pour évoquer les évènements de la veille.
Le préfet de police de Paris Michel Cadot, s’est dit “choqué” par la vidéo. Hier le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve condamnait ces violences tout en demandant à ce que l’inspection générale de la police nationale (IGPN) soit saisie.
“L’image qui a circulé est une image qui m’a choqué comme beaucoup de personnes qui l’ont vue”, a déclaré à la presse le préfet de police qui “ne souhaite pas qu’on s’en tienne là. S’il y a eu une faute, elle sera sanctionnée”.
Le lycéen, âgé de 15 ans a été auditionné jeudi. Le fonctionnaire de police sera auditionné vendredi après-midi.
– Un “sentiment d’injustice” –
“Nous étions devant le lycée Bergson dans une situation de blocage des entrées avec des poubelles. La semaine précédente, il y avait eu également une opération de blocage et cela s’était passé dans des situations difficiles à Bergson, où peut-être les jeunes étaient plus turbulents qu’ailleurs. La proviseure ou proviseure adjointe a été agressée et a déposé plainte”, a souligné le préfet.
Vendredi matin, le lycéen a témoigné dans différents médias disant ressentir “un sentiment d’injustice”.
“On était en train de manifester et on a jeté des oeufs. Il y a un policier qui s’en est pris un dans la tête. (…
Il y en a un il m’a foncé dessus. Il m’a frappé à terre, après il m’a dit ‘lève toi, lève toi’ et il m’a mis un poing”, a-t-il raconté.
“Je l’ai senti passer, j’avais la tête qui tournait. Il m’a dit ‘c’est pas fini tu verras au commissariat’ (…
. Au commissariat ils m’ont dit de laver mon nez parce que je saignais. Après il m’ont relâché”, a-t-il ajouté.
“Il y a eu sans doute de la part de ces lycéens des provocations mais qui ne justifient pas que les forces de l’ordre ne contrôlent pas leur comportement dans l’action, c’est ce qui rend aussi difficile le métier de policier”, a déclaré le préfet de police qui s’est toutefois dit “très satisfait d’une manière générale” de l’ensemble des services de police qui encadrent les manifestations.