Le président ukrainien Petro Porochenko et son homologue russe Vladimir Poutine, lors des cérémonies du Débarquement en Normandie le 6 juin. (Photo Christophe Ena. AFP)
Kiev dit s’être mis d’accord avec Poutine sur l’arrêt des combats. Mais Moscou nuance. Washington préfère rester prudent et att
Va-t-on vers un cessez-le-feu en Ukraine ? Selon un communiqué de la présidence à Kiev, les présidents ukrainien Petro Porochenko et russe Vladimir Poutine se sont mis d’accord lors d’un entretien téléphonique sur un arrêt permanent des combats dans l’est séparatiste du pays. Le président Poroshenko est tout aussi affirmatif sur Twitter :
Mais le Kremlin laisse planer le doute. «Poutine et Porochenko ont en effet discuté des mesures qui seraient favorables à un cessez-le-feu entre les rebelles et les forces ukrainiennes. La Russie ne peut concrètement pas négocier un cessez-le-feu, car elle n’est pas partie prenante au conflit», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par l’agence Ria-Novosti. La Russie nie toujours avoir des hommes sur le terrain en Ukraine.
«Il est trop tôt pour dire ce que ce cessez-le-feu signifie», a commenté Barack Obama au cours d’une conférence de presse à Tallinn avec son homologue estonien Toomas Hendrik Ilves. «Il y a une opportunité, voyons si elle se concrétise.» Le président des Etats-Unis a entamé une visite en Estonie avant le sommet de l’Otan.
«Si la Russie est effectivement […] prête à trouver un accord politique c’est quelque chose que nous appelons tous de nos vœux», a poursuivi le président américain. «Mais cela implique de respecter les normes internationales. Ce n’est pas ce que nous avons vu en Ukraine», a-t-il ajouté, indiquant qu’il laissait «à d’autres» le soin «d’interpréter la psychologie de M. Poutine».
Après une série de succès, l’armée ukrainienne a perdu du terrain la semaine dernière alors que Kiev et les Occidentaux dénoncent un déploiement de troupes régulières et d’armes lourdes russes dans l’est de l’Ukraine, ce que Moscou dément. Selon des journalistes de l’AFP sur place, l’armée ukrainienne semble avoir abandonné sans vraiment combattre une vaste zone du sud-est de la région séparatiste entre le fief rebelle de Donetsk, la frontière russe à l’est et le port stratégique de Marioupol au sud, sur les bords de la mer d’Azov. Depuis le début du conflit, qui a fait près de 2 600 morts en près de cinq mois et forcé plus d’un demi-million d’Ukrainiens à fuir leur foyer, Kiev et les Occidentaux accusent Moscou de soutenir les séparatistes de l’est de l’Ukraine en leur fournissant armes et combattants.
Le ministre ukrainien de la Défense Valéri Guéléteï a ces derniers jours mis en garde contre une «grande guerre»entre l’Ukraine et la Russie qui pourrait faire «des dizaines de milliers de morts».
«Nous avons tout simplement besoin d’un répit», a expliqué à l’AFP un haut responsable diplomatique à Kiev, sous couvert de l’anonymat, en assurant que la présidence ukrainienne n’avait pas l’intention de «geler le conflit». «Geler le conflit signifierait détruire le pays. Porochenko en est conscient», a-t-il poursuivi. «On ne peut pas faire confiance aux Russes mais on ne peut pas ne pas essayer de se mettre d’accord avec eux», a conclu la source diplomatique ukrainienne.