L’Américain Matthew Miller a été condamné dimanche par un tribunal nord-coréen à six ans de camp de travail pour être entré en Corée du Nord. Il y a deux semaines, le jeune homme de 24 ans avait appelé Washington à l’aide aux côtés de deux autres Américains détenus par Pyongyang, Jeffrey Fowle et Kenneth Bae.
Matthew Miller, âgé de 24 ans, avait été arrêté en avril après avoir été accusé d’avoir déchiré son visa et demandé l’asile auprès de l’Etat communiste. Il “a commis des actes hostiles” à la Corée du Nord “en entrant” sur son territoire “déguisé en touriste en avril dernier”, a déclaré l’agence officielle KCNA dans une courte brève d’un paragraphe, sans précision sur la nature de ces actes. La Cour suprême l’a condamné à l’issue d’un procès qui s’est déroulé dimanche, a ajouté l’agence.
Kenneth Bae a été arrêté en novembre 2012. Accusé d’être un militant chrétien évangéliste cherchant à renverser le gouvernement nord-coréen, il a été condamné à 15 ans de camp de travail. Jeffrey Fowle, également rentré en Corée du Nord au mois d’avril, a été accusé d’avoir laissé une bible dans un hôtel.
Le 8 septembre, Les Etats-Unis avaient appelé à la libération de leurs trois ressortissants. “Pour des raisons humanitaires concernant Jeffrey Fowle, Matthew Miller, et leurs familles, nous demandons que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, la Corée du Nord) les libère afin qu’ils puissent rentrer chez eux”, avait dit le Département d’Etat américain. “Nous demandons également à la RPDC de pardonner à Kenneth Bae, de lui accorder une amnistie exceptionnelle et de le libérer pour qu’il rejoigne sa famille et bénéficie de soins”, avait-il ajouté.
Le 2 septembre, les trois Américains avaient lancé un appel pour demander à Washington d’envoyer un émissaire afin de négocier leur libération avec Pyongyang. Alors qu’ils étaient surveillés par des représentants du gouvernement, ils ont évoqué leurs conditions de détention dans une interview à la chaîne CNN, ce qui est très inhabituel en Corée du Nord. Les trois prisonniers étaient dans un hôtel de la capitale nord-coréenne.
Un “moyen de pression” face aux Etats-Unis
D’après les analystes, ce procès entre dans le cadre des efforts de Pyongyang pour pousser Washington à la négociation. “Le Nord sait probablement que les Etats-Unis sont trop occupés par la situation au Moyen-Orient et dans d’autres régions en proie à des crises plus importantes”, a déclaré à l’AFP le professeur Yang Moo-Jing, de l’Université des études nord-coréennes. “Cette diplomatie ‘du détenu’ semble être le seul moyen de pression qui lui reste pour attirer l’attention des Etats-Unis”.
Washington n’entretient aucun relation diplomatique avec la Corée du Nord. Dans le passé, Pyongyang a libéré des détenus américains après des visites des anciens présidents Bill Clinton et Jimmy Carter. L’envoyé spécial américain en Corée du Nord pour des questions de droits de l’homme, Robert King, a tenté à deux reprises de se rendre dans le pays communiste pour faire libérer Kenneth Bae mais Pyongyang a annulé son déplacement à la dernière minute.