Si je mets mes enfants à l’école, c’est que je n’ai pas peur!” Des appels au calme ont répondu mardi aux peurs qui agitaient une école de la banlieue parisienne en raison de la présence d’un élève rentré de Guinée, pays touché par Ebola.
Peu avant 8H30, une certaine nervosité avait gagné les abords de l’école Silly-Ancienne Mairie, à Boulogne-Billancourt, aux portes de Paris. A l’entrée, un article du Parisien a été placardé, sous un titre alarmiste: “Début de psychose dans une école…”
Ici, la veille, trois parents ont refusé de déposer leurs enfants, au motif qu’une classe de CE2 accueille depuis vendredi un élève récemment rentré de Guinée, un des quatre pays touchés par le virus Ebola.
Pourtant, le garçon va bien tout comme ses deux frères -l’un est en CP, l’autre en maternelle-, qui ont fait leur rentrée en septembre. Aucun ne présente de symptômes, comme de la fièvre, et ne sont donc pas contagieux.
“Ce n’est pas une crainte, pas une psychose, c’est un principe de précaution, et du bon sens”, justifie Frédérique, l’une des parents qui a retiré son enfant de l’école lundi, “pour marquer (son) désaccord”. Elle vient voir ce mardi matin la directrice avec une autre mère de famille, parce que malgré les mesures de précaution prises, elle “ne comprend pas qu’on n’ait pas attendu la fin de la période d’incubation (entre 2 et 21 jours, ndlr), soit le 16 octobre” pour admettre l’enfant.
Devant le portail, une maman, Truong Thi, interpelle la directrice et l’inspectrice de l’Education nationale, Anne Corrihons et Anne-Marie Socco: “On nous avertit pour une varicelle, pour une scarlatine, mais là il y a trois cas possibles d’Ebola, et on n’est pas au courant!”
Une autre mère de famille, Valérie, l’air paniqué, avise que “Dimitri n’ira pas à l’école aujourd’hui. Il a vu la télévision et il a pleuré, me demandant s’il allait être contaminé”, explique-t-elle à l’AFP. “Et si (le garçon) lui crache dessus? Et s’il transpire et qu’il touche mon fils”?
Inlassablement, les deux femmes de l’Education nationale ont tenté de rassurer les parents en répétant qu’un protocole des autorités sanitaires a été appliqué, et même renforcé: prises multiples de la température par une infirmière municipale, extension du protocole aux deux frères; abaissement du seuil de fièvre à 38° au lieu de 38,5°. “S’ils n’ont pas de fièvre, ils sont admis en classe (…
Tous les enfants ont le droit à la scolarisation”, a résumé l’inspectrice.
– “Pas plus de risques que le métro” –
Lundi, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, s’était voulue elle aussi rassurante: “Ebola est un virus dangereux, mais qui ne se transmet pas dans n’importe quelles conditions”: seulement par contact direct avec des fluides corporels de personnes infectées ou des objets, comme des aiguilles de seringues contaminées.
“Nous sommes en situation de pouvoir soigner si des cas se produisaient en France”, a de son côté souligné François Hollande.
Un message entendu par plusieurs parents se disant “confiants dans les capacités de la France à gérer un cas”.
“Si je mets mes enfants aujourd’hui à l’école, c’est que je n’ai pas peur”, clame tout sourire Philippe. Je comprends que des parents aient été inquiets, mais c’est parce qu’ils étaient en attente d’information. Il y a toujours une part d’irrationnel quand on est parent”.
Sur le trottoir, au milieu du brouhaha, Sébastien Dumont, tête de liste de la fédération de parents FCPE, lance “un appel au calme” devant les caméras. Selon lui, “il n’y a pas plus de risques d’emmener son enfant à l’école que de prendre le métro ou d’aller à la piscine”.
Sa vraie crainte? Ce n’est pas Ebola, mais le “risque de stigmatisation de l’enfant et sa famille”. “Il va avoir des regards sur lui” et sa mère, très “gênée”, sera peut-être “insultée”.