Selon l’avant-projet de rapport du Conseil d’orientation des retraites, il faut une croissance des revenus d’activité supérieure à 1,5 % pour conserver un équilibre de long terme.
A l’horizon 2019, le système des retraites devrait être proche de l’équilibre, mais pas complètement tiré d’affaires après les réformes de 2010 et 2014. C’est ce que projette le Conseil d’orientation des retraites dans son avant-projet de rapport annuel, que se sont procurés « Les Echos ». Quel que soit le scénario, le besoin de financement devrait en effet s’établir à 0,4 % du produit intérieur brut, c’est-à-dire aux alentours de 10 milliards d’euros. Au-delà de 2019, tout dépendra de la croissance de la productivité du travail. Si la croissance des revenus d’activité est inférieure à 1,5 % par an à long terme, le déséquilibre pourrait perdurer et même s’aggraver pendant des décennies. En deçà, l’équilibre financier serait réalisable dès le milieu des années 2020 dans les scénarios optimistes, et au début de la décennie 2030 dans le scénario central.
Quelques ordres de grandeur pour une réforme
Tenu d’indiquer les perspectives à 25 ans du système de retraites, le COR livre cinq scenarii, plus trois variantes avec un taux de chômage à 10 %. L’éventail se situe entre un excédent de 0,2 % du PIB et un besoin de financement de 0,9 %. Dans le cas A’, le chômage s’installe à 4,5 % de la population active, et les revenus d’activité croissent de 2 % par an. En C’, le chômage est à 10 % et la croissance des revenus à 1 %.
Pour se faire une idée des ordres de grandeur, le COR cite quelques pistes de réforme : « dans le scénario C’, l’équilibre financier du système de retraite sur les 25 prochaines années pourrait être assuré, soit en augmentant dès 2016 de 1,5 point de pourcentage le taux de cotisation, soit en abaissant dès 2016 de 4,7 % toutes les pensions de retraite », montre-t-il. Dans le scénario A’, il faudrait au contraire résorber l’excédent « soit en diminuant dès 2016 de 0,4 point de pourcentage le taux de cotisation, soit en augmentant dès 2016 de 1,4 % toutes les pensions ».
Par ailleurs, le COR livre des éclairages sur l’évolution des principaux déterminants de l’équilibre des régimes de retraite : niveau des pensions, des prélèvements, du rapport entre nombre de cotisants et de retraités.
La pension moyenne va décroître à partir de 2015
Entre 2004 et 2013, la croissance des pensions de retraite a été plus forte que celle des revenus d’activité, car les retraités sont plus nombreux en proportion des travailleurs, mais aussi car les nouveaux pensionnés ont des carrières plus avantageuses. En revanche, le COR prévoit que la pension moyenne va décroître à partir de 2015 en raison de l’indexation des droits acquis en cours de carrière et des pensions liquidées sur l’inflation. Cela aura des effets délétères sur l’équité entre anciens et nouveaux retraités, et entre retraités et revenus d’activité. La pension moyenne relative des retraités diminuerait de 13 % à 31 % entre 2013 et 2060, selon les projections du COR. A long terme, la baisse relative des pensions moyenne sera le principal levier de couverture des besoins de financement : 49 % sur la période 2003-2060, contre 34 % pour le recul de l’âge de départ à la retraite, et 19 % pour la hausse du taux de prélèvement.
Le taux de prélèvement global à crû à 30,6 % en 2013, en augmentation de 3,2 points par rapport à 2004 (dont 2,5 points depuis 2010), du fait des hausses de cotisations et de l’apport de nouvelles ressources fiscales. Mais il devrait mécaniquement décroître à partir de 2017 sous l’effet de la diminution du poids de certains régimes spéciaux tel que le régime des fonctionnaires d’Etat.
Entre 2013 et 2018, l’augmentation progressive de l’âge effectif moyen de départ à la retraite (de 61 ans en 2013 à 62,1 ans en 2018), combinée à la baisse du chômage prévue à partir de 2015, permettrait de ralentir la diminution tendancielle du rapport entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités de droit direct. Ce rapport diminuerait ensuite à nouveau progressivement, passant de 1,7 cotisant par retraité de droit direct en 2018 à environ 1,4 à partir de la fin des années 2040.
Trois leviers de réforme
Le Cor réalise plusieurs simulations pour mesurer l’effet des différents leviers de réforme pour assurer l’équilibre financier chaque année jusqu’en 2060. En considérant par exemple que l’on se contente de repousser l’âge effectif moyen de départ à la retraite, sans toucher aux autres déterminants, il faudrait frôler 64 ans au milieu des années 2030, puis redescendre à 63 ans par la suite. Il s’agit du scénario central, mais les possibilités s’échelonnent entre 61 ans et 66 ans et demi dans les autres cas.
Ce grand écart, on le retrouve en actionnant uniquement le levier du taux de prélèvements. Dans le scénario central, il va légèrement baisser et se stabiliser près de 31 %. Mais il varie entre 25 % et plus de 33 % avec les autres scénarios. Quant aux pensions moyennes des retraités, elles vont s’ajuster d’elles-mêmes en fonction de l’évolution des prix et salaires. Dans tous les scénarios, leur montant brut est égal à un peu plus de la moitié des revenus d’activité en 2015, et autour de 40 % en 2060.