Malgré des sondages désastreux où il est au plus bas, le chef de l’État, François Hollande, a annoncé sur France 2 jeudi 15 avril que la France “va mieux” et qu’il annoncerait à la fin 2016 s’il sera candidat à un second mandat. Néanmoins, quelques inexactitudes ont été relevées dans ses assertions du soir. Retours sur ses intox.
“Oui, ça va mieux”, a lancé d’emblée le chef de l’État, affirmant qu’il y avait désormais “plus de croissance, moins de déficits, moins d’impôts et plus de compétitivité”, sur le plateau de l’émission spéciale “Dialogues citoyens” sur France 2. Sera-t-il candidat ? Décision “à la fin de l’année” avec le chômage pour juge de paix comme il s’y était engagé.
François Hollande a tenté de lancer lors de cette émission de 90 minutes une énième et périlleuse opération de reconquête de l’opinion. Assurant suivre depuis quatre ans un “fil conducteur”, il a promis de poursuivre “jusqu’au bout” les réformes engagées. Il a pourtant commis quelques erreurs, notamment sur les chiffres du chômage des jeunes, la situation économique ou encore la situation de l’imam de Brest.
– Non le chômage des jeunes n’est pas en dessous de la moyenne européenne, au contraire
Interpellé sur le chômage des jeunes par la journaliste Léa Salamé, qui affirmait que le taux de chômage des jeunes était cinq points supérieurs à la moyenne européenne, François Hollande s’est offusqué. “Non ce n’est pas vrai”, arguant que le chômage des jeunes était “plus bas que la moyenne”.
D’après un communiqué d’Eurostat datant du début du mois de mars, en janvier 2016, le chômage des jeunes de moins de 25 ans en France s’élevait à 25,9%, contre une moyenne de 19,7% dans l’Union européenne.
– Les indicateurs économiques ne vont pas tous mieux
Le Président de la République a également dressé un bilan idyllique de la situation économique, assénant qu'”il y a plus de croissance, moins de déficit, moins d’impôts, plus de compétitivité, plus de marges pour les entreprises, plus de pouvoir pour les salariés”.
Si tous ces point s’avèrent vrais, il a néanmoins passé sous silence la hausse de la pression fiscale qu’il avait mis en place au début de son quinquennat, le rang de mauvais élève sur le déficit public, passé certes de 4,8% du PIB en 2012 à 3,5% en 2015, mais loin de la moyenne de la zone euro, selon le journaliste économique de France 2, François Lenglet. Pas d’évocation non plus de la forte hausse du chômage en France depuis son arrivée au pouvoir : de 2,9 millions de personnes en juin 2012, le chiffre a atteint 3,6 millions en février 2016, soit 24% de hausse en à peine quatre ans.
Il a également omis de parler de la dette publique, qui a atteint 95,6% du PIB fin 2015, soit 2.096,9 milliards d’euros, en faisant de la France le 8e pays de l’UE 28 le plus endetté.
– Créations nettes d’emplois en 2016 : une prévision incertaine
“En 2016, nous pensons que nous pourrons créer 150.000, 160.000 emplois nets supplémentaires”, a affirmé François Hollande. Pour l’heure, les prévisions de l’Insee, publiées en mars, ne vont pas au-delà du 1er semestre 2016 : l’organisme s’attend à 63.000 créations nettes, tous secteurs confondus. Cela marquerait un léger ralentissement par rapport aux deux semestres de 2015.
Plusieurs organismes se sont, quant à eux, risqués à des prévisions pour l’année entière. C’est le cas de l’Unédic, le gestionnaire de l’assurance chômage, qui tablait en février sur 103.000 créations en 2016. De son côté, l’OFCE s’attend à environ 230.000 créations sur l’année. L’institut de recherche lié à Sciences Po se base toutefois sur une prévision de croissance (1,6%) plus optimiste que celles du gouvernement (1,5%), de la Commission européenne (1,3%) et du FMI (1,3%).
– La mosquée de l’imam de Brest est toujours ouverte au public
Contrairement à ce qu’a affirmé François Hollande jeudi soir, la mosquée Sunna de l’imam controversé Rachid Abou Houdeyfa à Brest, est toujours ouverte au public. Elle a seulement fait l’objet d’une perquisition en novembre suite aux attentats de Paris et Saint-Denis, et dans le cadre de l’état d’urgence.
Quant à l’imam en question, il continue de poster régulièrement ses prêches sur sa page Facebook.
Malgré ces erreurs, François Hollande a maintenu le cap durant 90 minutes. “Je n’ai pas de doute sur le cap que j’ai choisi”, a-t-il soutenu, “être président, c’est vivre tout le temps avec la tragédie (…
j’ai tenu bon dans toutes les difficultés”.