Tout le gratin de la classe politique et autres personnalités influentes seront lundi dans un hôtel parisien au traditionnel dîner du Crif, le Conseil représsentatif des Institutions juives de France. Et comme en 2015, l’ex-président du CFCM et recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, ne s’y rendra pas. Les dessous du boycott.
Le recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, ne se rendra pas lundi soir au dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), comme en 2015, en raison de “propos réitérés” à son encontre de la part du président du Crif, a indiqué l’entourage du responsable musulman.
Lundi matin au micro d’Europe 1, Roger Cukierman a jugé le successeur du recteur Boubakeur à la tête du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech, “beaucoup plus dynamique, ouvert” que son prédécesseur.
Déjà le 18 janvier, lors d’une réunion des Amis du Crif, le responsable de la vitrine politique du judaïsme français avait estimé qu’Anouar Kbibech parlait “beaucoup plus clair” que Dalil Boubakeur, en disant avoir “vraiment le sentiment que les choses ont changé” au CFCM.
“Ces propos réitérés traduisent une acrimonie de la part de M. Cukierman”, a déclaré Slimane Nadour, porte-parole de la grande mosquée de Paris, qui ne sera pas représentée au 31e dîner du Crif.
Anouar Kbibech sera de son côté présent au rendez-vous annuel du Crif.
L’an dernier, Dalil Boubakeur, alors président du CFCM, avait déjà boycotté, avec l’ensemble des membres de son bureau, le dîner du Crif, pour protester contre une déclaration de Roger Cukierman attribuant “toutes les violences” antisémites aux “jeunes musulmans”. Les deux hommes avaient semblé enterrer la hache de guerre le lendemain sur le perron de l’Élysée. Ils y avaient été conviés par François Hollande afin de délivrer un “message de rassemblement” et éteindre la polémique, qui soulignait la complexité du dialogue entre juifs et musulmans de France, sur fond d’attentats jihadistes et d’antisémitisme persistant.
“La grande mosquée de Paris et sa fédération nationale ont pour leur part toujours œuvré pour le respect, le dialogue et la fraternité avec la communauté juive de France”, assure l’institution liée à l’Algérie dans un communiqué transmis lundi.
Après les nouveaux propos de Roger Cukierman, “on ne veut pas polémiquer, mais une petite mise au point s’imposait”, a assuré son porte-parole.
Le dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) est devenu en trente ans un rendez-vous politique incontournable qui réunira lundi soir 800 personnes, alors que les actes antisémites se maintiennent à un niveau inquiétant. Le président François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls et plusieurs membres de leur gouvernement dont Bernard Cazeneuve (Intérieur), Najat Vallaud-Belkacem (Education) et Emmanuel Macron (Economie), ont répondu à l’invitation de Roger Cukierman, 79 ans, dont ce sera le dernier dîner comme président du Crif, après trois mandats.
Son successeur à la tête de la vitrine politique de la première minorité juive d’Europe, forte d’un demi-million de membres, doit être élu en mai.