La victoire des républicains aux élections de mi-mandat aux États-Unis menace la réforme du FMI, qui attend le feu vert du Congrès américain pour entrer en vigueur.
Le raz-de-marée républicain pourrait-il menacer le FMI? C’est ce que redoutent certains experts. Prête à exécuter une “danse du ventre” pour convaincre le Congrès américain de ratifier la réforme du Fonds monétaire internationale, la directrice de l’institution Christine Lagarde devra user de tous ses talents pour persuader les États-Unis. La refonte de l’organisation internationale, qui renforce le poids des pays émergents au sein du FMI et double ses ressources permanentes, n’attend en effet que le feu vert américain pour rentrer en vigueur.
L’administration Obama cherche à convaincre le camp républicain d’adopter cette réforme depuis 2012. Les deux tentatives menées cette année se sont déjà soldées par un échec. D’une grande méfiance vis-à-vis des organisations multilatérales, le camp républicain s’est emparé mardi du Sénat et contrôlera donc, à partir de janvier, les deux chambres du Congrès des Etats-Unis.
“Le changement dans le paysage politique américain n’est pas de bon augure pour un quelconque progrès de la réforme du FMI”, assure Eswar Prasad, ancien membre de l’institution.
L’impatience grandit pourtant chez les pays émergents, de plus en plus critiques sur le manque de représentativité du Fonds. A l’heure actuelle, la Chine dispose de moins de 4% des droits de vote au sein de l’instance de direction du FMI, à peine plus que l’Italie dont l’économie est pourtant cinq fois plus petite.
En réaction, les pays des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont créé leur propre fonds monétaire en juillet et vont profiter du prochain sommet du G20 mi-novembre en Australie pour taper de nouveau du poing sur la table, a prévenu vendredi le sherpa du président russe Vladimir Poutine.
“La non-ratification va conduire à un affaiblissement du rôle joué par le Fonds en tant que pilier central du système financier international”, prédit Domenico Lombardi, ancien membre du conseil d’administration du FMI.
La tâche ne s’annonce donc pas de tout repos. “Il va falloir un effort de coopération entre la Maison Blanche, le Sénat et la Chambre des représentants pour travailler ensemble et comprendre combien cette réforme est importante”, explique Douglas Rediker, ancien représentant américain au FMI.
Si la réforme n’est pas adoptée d’ici à la fin de l’année, le Fonds s’est engagé à présenter un “plan B” dont les contours restent vagues et qui pourrait nécessiter de nouvelles tractations entre ses 188 Etats-membres.