Les éboueurs de nombreux arrondissements de la capitale sont en grève et plusieurs sites de traitement des déchets sont bloqués par des manifestants contre la loi Travail. Conséquence : les poubelles débordent depuis plusieurs jours.
L’exaspération de nombreux Parisiens est de plus en plus palpable. Depuis trois jours, les bennes débordent devant les immeubles et les sacs-poubelle s’accumulent. Y compris dans les arrondissements les plus huppés et touristiques. En cause, la grève d’une partie des éboueurs, ainsi que le blocage des sites de traitement des déchets, dont celui de Paris 13 / Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le plus important de France.
Venez demain, vous verrez, ça sera infesté de rats !”, prédit Laurent, gérant d’un magasin de vêtements dans le Ve arrondissement de Paris. À deux jours de l’EURO, dans le Quartier latin, les poubelles pleines à ras bord ont fait fuir les touristes des terrasses. “Le client, il est en face des poubelles, forcément, ça coupe l’appétit…”, se lamente Zahier, serveur au Petit Cluny. “Ce matin, j’ai même vu des touristes qui prenaient des photos, c’est consternant”. Rue de la Harpe, des montagnes de détritus dégorgent sur les trottoirs en face des nombreux restaurants et bars.
DÉVERSER LES POUBELLES DEVANT L’ÉLYSÉE
Rue de l’Ancienne Comédie, où se situe Le Procope, l’un des plus anciens cafés-restaurants de la capitale, l’entrée est encombrée d’ordures. À deux pas, Josué, serveur depuis 10 ans à La Jacobine, se désole : “On a reçu une amende parce que les poubelles n’étaient pas ramassées mais il y a grève, c’est pas de notre faute !” Près de la station de métro Odéon, un homme d’un certain âge se presse jusqu’à un camion benne, tirant péniblement sa poubelle derrière lui. Remerciant les éboueurs, il leur conseille d’aller ensuite déverser les poubelles devant l’Élysée : “ça leur fera les pieds !”
“Les poubelles s’accumulent dans certains arrondissements. Je pense aux Ve et VIe arrondissements qui sont en train de crouler (sous les ordures), où cela fait 24 heures qu’il n’y a pas eu de ramassage”, a déploré mercredi 8 juin la maire PS de Paris Anne Hidalgo. Et les autorités commencent à s’inquiéter pour la situation sanitaire, alors que la vermine et les rongeurs prospèrent sur les trottoirs parisiens. Bruno Julliard, premier adjoint à la mairie de Paris, se dit jeudi “très inquiet par l’absence de propreté dans un certain nombre d’arrondissements”. Il souligne que la décrue de la Seine “impose une surveillance sanitaire majeure”. “Il faut faire extrêmement attention à cette situation sanitaire en cas de décrue de la Seine”, a-t-il souligné sur Sud Radio et Public Sénat. “Au-delà de tout cela, il y a l’image de notre pays, l’image de notre capitale. Et puis il y a quand même un ras-le-bol de nos concitoyens”, souligne l’élu.
Les principaux sites de traitement de la région parisienne sont bloqués depuis début juin. À Ivry-sur-Seine, le plus grand site du pays, la grève a été reconduite jeudi jusqu’au 14 juin, selon la CGT-services publics. Dans la capitale, les actions à l’appel de la CGT pour protester contre le projet de loi Travail se multiplient devant les garages de camions bennes ou les déchetteries du Syctom (agence métropolitaine des déchets).
En province, l’incinérateur de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) est également bloqué. En revanche à Saint-Etienne, la collecte et le traitement des ordures ont repris jeudi.