Présidentielle: à 40 jours de l’élection Fillon mis en examen dans l’enquête sur de possibles emplois fictifs de sa femme et de ses enfants
À quarante jours de la présidentielle, François Fillon a été mis en examen mardi dans l’enquête sur de possibles emplois fictifs de sa femme et de ses enfants comme assistants parlementaires, une première pour un candidat majeur dans la course à l’Élysée.
Initialement convoqué mercredi par les juges, le candidat de la droite, dont la campagne
est plombée par cette affaire, a été mis en examen pour détournement de fonds publics, complicité et recel de détournement de fonds publics, recel et complicité d’abus de biens sociaux et manquement aux obligations de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), a déclaré à l’AFP une source judiciaire.
“L’audition a été avancée pour qu’elle se déroule dans des conditions de sérénité”, a expliqué Me Antonin Lévy, l’avocat de François Fillon. Dans l’après-midi, le candidat est intervenu comme prévu devant la Fédération nationale des chasseurs.
Une mise en examen
intervient quand les juges d’instruction considèrent qu’il existe des “indices graves ou concordants rendant vraisemblable” qu’une personne a commis des délits. François Fillon aurait pu être placé sous le statut plus favorable de témoin assisté.
“Vous verrez, ce n’est pas la première fois qu’on agite une affaire à la veille des élections présidentielles. Il y a cinq ans, c’était Nicolas Sarkozy avec l’affaire Bettencourt”, qui s’est terminée par un non-lieu, a voulu relativiser l’un des soutiens du candidat Les Républicains, le député LR Daniel Fasquelle, sur BFMTV.
Grand favori de la présidentielle avant les premières révélations du Canard enchaîné fin janvier, distancé depuis dans les sondages du premier tour par Marine Le Pen (FN) et Emmanuel Macron (En Marche!), François Fillon
est le premier candidat majeur d’une présidentielle à concourir sous le poids d’une mise en examen. La présidente du Front national y a échappé vendredi en refusant de répondre à une convocation des juges dans l’enquête sur des soupçons d’emplois fictifs chez les assistants des eurodéputés du parti d’extrême droite.
- Argent rendu par les enfants -
Au cœur de l’affaire Fillon, l’emploi, révélé fin janvier par le “Canard”, de l’épouse du candidat, Penelope, comme assistante parlementaire –de 1986 à 2013 avec des interruptions–, alors qu’elle semblait jusque-là n’avoir eu aucun rôle politique à ses côtés.
Le soupçon d’emploi fictif et les sommes totales en jeu, 680.000 euros net (soit une moyenne mensuelle de 3.600 euros), ont durement écorné l’image du candidat, jusque-là épargné par les affaires, et qui avait marqué la campagne de la primaire à droite par cette formule revenue en boomerang: “Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen?”
Ces derniers jours, le député de Paris a dû faire face à de nouvelles révélations. D’une part des informations du Journal du dimanche sur des costumes de luxe à des prix très élevés –deux pour 13.000 euros réglés en février–, offerts par un ami dont l’identité reste inconnue, et qui ont conduit le déontologue de l’Assemblée à se saisir du sujet.
D’autre part, les questions révélées par Le Parisien sur les deux enfants de François Fillon, Marie et Charles, qu’il a employés comme assistants de 2005 à 2007 lorsqu’il était sénateur, et qui lui ont rétrocédé une partie de leurs salaires. Ainsi, sur les 46.000 euros net touchés par sa fille Marie, d’octobre 2005 à décembre 2006, environ 33.000 seraient repartis sur le compte joint des parents.
Interrogé par l’AFP, l’avocat de Marie Fillon, Me Kiril Bougartchev, a confirmé ces chiffres, assurant que la fille du candidat avait souhaité “rembourser” à ses parents les frais de “son mariage, mi-2006″.
Quant à Charles Fillon, il s’agissait selon son avocat, Me Pascal Eyraud, de “remboursements correspondant aux montants des frais pris en charge par ses parents”, à savoir “le loyer de son studio séparé” et “ses charges” courantes.
L’avocat de François Fillon a expliqué que les juges avaient retenu les salaires de Penelope Fillon et des enfants dans leur mise en examen.
Son épouse sera à son tour entendue le 28 mars par les juges. Elle pourrait également être mise en examen.