Le gouvernement présentera “d’ici à la fin de l’année” un texte pour faire de “toute inspiration raciste ou antisémite” une “circonstance aggravante pour une infraction”, a annoncé jeudi François Hollande lors d’une allocution au site-mémorial du Camp des Milles.
“J’ai demandé à la garde des Sceaux (Christiane Taubira) de préparer d’ici à la fin de l’année un texte réformant le code pénal pour faire de toute inspiration raciste ou antisémite une circonstance aggravante pour une infraction, quelle qu’elle soit, quel qu’en soit l’auteur”, a déclaré le président de la République sur le site de cet ancien camp d’internement et de déportation à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
- Hollande avait annoncé le principe de cette réforme pénale le 27 janvier lors d’un discours sur le parvis du Mémorial de la Shoah à Paris, deux semaines après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher.
“Ce qui s’est produit ici, c’est le résultat d’une lente dérive, d’un mouvement qui a vu toutes les digues démocratiques sauter les unes après les autres”, a déclaré jeudi M. Hollande, évoquant les nombreux internements au Camp des Milles à partir de l’été 1940, un lieu devenu par la suite “un rouage de la machine antisémite”.
La première de ces “dérives”, a dit le chef de l’Etat, fut “celle des mots. Dans les années 30, il était devenu acceptable, presque banal, de tenir pour méprisable ou haïssable celui qui était différent. Acceptable qu’à longueur d’articles et de pamphlets, on insulte et on rabaisse les juifs et les étrangers. Tolérable que dans des manifestations on crie +dehors les métèques+”, a rappelé M. Hollande.
Le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone s’est “félicité” de cette annonce: face “à la parole libérée, il faut que la loi soit là pour réaffirmer les principes, nos valeurs: le racisme et l’antisémitisme n’ont pas de place dans le jardin de la République”, a-t-il déclaré à l’AFP.
Quant au recours à la loi, M. Bartolone a estimé qu'”à partir du moment où on continue à avoir des dérives, à avoir des responsables de la droite républicaine qui connaissent dans les propos une dérive d’extrême droite, il faut que la loi soit là comme un phare pour réinstaller la lumière républicaine”.