Un enfant et une femme âgée sont décédés. Six personnes sont encore portées disparues. La partie de l’immeuble encore debout menace de s’effondrer.
Cette femme s’inquiète. Derrière les barrages de sécurité qui cernent l’immeuble soufflé par une explosion, elle pense à la famille de l’ami de son fils. «Ils sont rentrés hier soir de Saint-Malo. Il n’y a pas d’espoir, ils étaient au 2e étage», dit-elle à Libération. «Espérons, dit un autre, on a déjà vu des gens sortir des décombres.» Autour d’eux, ce dimanche matin le long des barrières, les voisins attendent, parlent peu et à voix basse.
Dimanche après-midi, Les pompiers fouillaient activement les décombres d’un immeuble de Rosny-sous-Bois, en banlieue parisienne, à la recherche de disparus. Deux décès sont à déplorer, dont un enfant de 8 ans et une femme.
Manuel Valls a exprimé dimanche son «soutien» et sa «solidarité». «Quand on est un élu local, quand on est au gouvernement, on doit être capable d’être présent auprès de ceux et de celles victimes de tels drames, et c’est ce message de solidarité que je veux adresser.»
Retour sur un drame.
Ce qui s’est passé, dimanche matin
L’explosion, qui eu lieu avant 8 heures du matin, a comme tranché l’immeuble dans la hauteur, laissant apparaître l’intérieur des appartements, papiers peints et pièces de vie, dans cette zone résidentielle en banlieue est de la capitale.
«C’est une explosion vraisemblablement occasionnée par une fuite de gaz, il y a un effet de souffle qui laisse à penser cela», a avancé le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve sur place. Le préfet a évoqué une «supposition forte» en ce sens et une source proche de l’enquête a affirmé que c’était l’hypothèse «privilégiée». «Il y avait des travaux de gaz et ERDF sur les lieux», a indiqué le commandant Plus, se refusant à faire un lien à ce stade. Un volet est encastré dans une voiture qui était garée à une trentaine de mètres des lieux, ce qui donne une idée de la force de l’explosion.
Une enquête pour «recherche des causes de la mort» a été confiée à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis par le parquet de Bobigny. Mais les enquêteurs privilégient la piste d’une explosion accidentelle, a indiqué une source judiciaire à l’AFP. «La source de l’effondrement est située au bas de l’immeuble», a précisé cette source. Prudent, le parquet de Bobigny a pour sa part souligné qu’il n’y avait «pas de certitude» que la forte explosion «soit liée au gaz».
Un bilan meurtrier : au moins deux morts
Outre les deux personnes décédes, douze personnes ont été blessées, dont quatre grièvement, selon les pompiers. Le pronostic vital de ces quatre restait engagé, a précisé le préfet de Seine-Saint-Denis Philippe Galli. A 16 heures, six personnes, dont deux enfants, étaient toujours recherchés par les pompiers dimanche après-midi. Il s’agit d’habitants de l’immeuble «qui n’ont été ni retrouvés, ni localisés par des voisins ou des amis», selon le préfet de Seine-Saint-Denis Philippe Galli.
Les investigations ont permis d’établir que, sur les neuf personnes qui manquaient à l’appel à mi-journée, trois ne se trouvaient pas dans l’immeuble au moment du sinistre, selon les pompiers.
Les témoignages : ««J’ai guetté par la fenêtre, j’ai vu beaucoup de poussière et je suis sorti direct»
Bilal était sur place, avant l’arrivée des pompiers. Lui et d’autres voisins se sont vite rendus sur les lieux de l’explosion. «J’ai guetté par la fenêtre, j’ai vu beaucoup de poussière et je suis sorti direct, raconte-t-il à Libération. Il y avait d’autres voisins, on a commencé à creuser avec nos mains.» Lui-même dit avoir sorti deux habitants des décombres. Dont l’enfant qui est mort depuis.
Les baies vitrées de Ghislaine Poletto, 55 ans, qui vit à une cinquantaine de mètres, ont volé en éclat peu avant 8 heures. Elle s’est précipitée sur les lieux. «J’ai pas hésité, j’ai sauté dans mon pantalon» pour essayer d’aider, a-t-elle expliqué à l’AFP. Avec des voisins «on était dans les premiers arrivés», «on a sorti deux enfants» des décombres avec «deux policiers municipaux qui étaient débordés».
«Comme je suis petite, je me suis faufilée», dit-elle. L’un des enfants était «protégé par un matelas et une plaque au-dessus de sa tête qui lui a sauvé la vie. Je vois encore son petit bras et sa jambe qui sortaient», raconte cette femme frêle, qui, encore bouleversée, porte la main à son cœur. «Notre pavillon a bougé, on a tremblé de peur», raconte Pauline, qui habite à une centaine de mètres. L’explosion a été tellement forte que «nos oreilles sifflaient», explique cette mère de famille.
Les moyens déployés sur place
«Nous pouvons nous attendre à encore trouver des victimes sous les décombres», a affirmé un pompier. La structure de l’immeuble soufflé, fait de briques et de poutres métalliques, favorise l’existence de poches d’air, a déclaré le commandant des opérations, Bernard Tourneur. Les opérations de déblaiement pourraient durer de 24 à 48 heures, a-t-il ajouté.
Des pompiers formaient une chaîne pour déblayer les décombres, aidés dans leur recherche par des chiens. Des équipes disposent de systèmes d’écoute spéciaux. Et régulièrement, les équipes sur les gravats font le silence absolu, à l’écoute du moindre bruit dans les décombres. Les secours avaient aussi récupéré les numéros des portables des habitants, pour les joindre.
La mairie de Rosny a réquisitionné un gymnase voisin pour accueillir les familles et une cellule médicale d’urgence a été mise en place dans une école, a expliqué Serge Deneulin, adjoint au maire. Selon lui, l’immeuble des années 1970 était «en parfait état».
Le plan rouge, prévoyant la mobilisation d’importants moyens médicaux, a été déployé et une enquête a été confiée à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis. 173 pompiers et 59 engins sont mobilisés, selon le ministère de l’intérieur, dimanche matin.