Juppé: “pas de marge de manoeuvre” dans la fonction publique hospitalière.
Alain Juppé a estimé lundi qu’il n’y avait “pas de marge de manœuvre” pour une diminution du nombre de fonctionnaires à l’hôpital, et que “l’hôpital public avait une place centrale” dans le système de santé lors d’une visite aux urgences du centre hospitalier Robert-Ballanger à Aulnay-sous Bois.
“Je pense qu’aujourd’hui, il n’y a pas dans le personnel hospitalier de marge de manœuvre. Ce sont des services extrêmement tendus”, a déclaré M. Juppé, interrogé sur ce sujet par Europe 1, avant de se rendre en Seine-Saint-Denis, à l’hôpital Robert-Ballanger aux côtés de Jean-Christophe Lagarde, le patron de l’UDI et député-maire de Drancy qui vient de le rallier.
Cependant, “il faut voir l’administration de l’hôpital. Tout le monde n’est pas soignant”, a ajouté l’ancien Premier ministre qui a brocardé sans le nommer François Fillon et son ambition de supprimer 600.000 postes de fonctionnaires là où lui en propose 300.000.
“Il faut être audacieux mais réaliste. J’entends certains nous dire qu’on va supprimer 600.000 postes dans la fonction publique. Est-ce que vous savez combien de fonctionnaires vont partir à la retraite dans les cinq ans qui viennent? A peu près 570.000. Ça veut dire qu’il n’y aurait aucun recrutement nouveau dans la fonction publique. Une entreprise ou une administration dans laquelle on ne recrute personne pendant cinq ans est une organisation qui meurt. Alors soyons réalistes”, a expliqué M. Juppé.
“Il y a des méthodes autres qu’un coup de rabot brutal qui permet de faire de grandes déclarations mais qui ne seront pas ensuite suivies d’effet”, a insisté l’ancien Premier ministre, qui veut “gérer l’administration de manière moderne”, “passer dans toutes les administrations à 35 heures”, “lutter contre l’absentéisme” avec deux journées de carence et opérer la “transformation numérique” de l’administration.
A l’occasion de sa visite lundi matin, aux côtés d’un de ses soutiens Frédéric Valletoux, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), il a affirmé que “l’hôpital public a une place centrale” dans le système de santé, et qu’il était pour lui “prioritaire que l’hôpital public fonctionne convenablement”, à l’issue d’une table-ronde avec le directeur de l’hôpital, le chef des urgences et son équipe de médecins et soignants, à qui il a posé de nombreuses questions.
“Ce n’est pas une raison pour déclarer la guerre à l’hospitalisation privée”, a-t-il ajouté. S’adressant au personnel médical au bout d’une heure et demie de visite, il a souligné que ce qu’il faisait quotidiennement “mérite un grand coup de chapeau”. Il a aussi passé quelque minutes à parler à plusieurs patients stationnés dans un couloir, sur des brancards, faute de place.
Il a questionné ses interlocuteurs pêle-mêle sur l’encombrement des urgences, le rôle des maisons médicales, l’attractivité du privé pour les jeunes médecins urgentistes, la fermeture des pharmacies de garde, l’Aide médicale d’État, d’éventuels “phénomènes à caractère religieux”, le temps de travail, la tarification à l’activité (T2A)…
“Il y a beaucoup à faire”, a-t-il conclu.