Lors d’une rencontre avec les journalistes de l’Association de la presse présidentielle (APP) mardi soir à Paris, François Hollande s’est porté en garant de l’État de droit et a critiqué à demi-mots ses principaux adversaires pour 2017.
François Hollande l’a répété mardi soir : son “premier devoir” est de “protéger les citoyens” contre les attentats terroristes. “Mais face au terrorisme, la démocratie doit avoir la force nécessaire pour prendre des dispositions” dans le cadre de l’État de droit et non pas dans “un État d’exception”, comme le prône selon lui une partie de la droite.
“Si, à chaque attentat, on dit ‘il faut une loi’, mais jusqu’où va-t-on aller ?”, s’est-il interrogé, répondant implicitement à Nicolas Sarkozy, président des Républicains, qui prône un durcissement de la réponse antiterroriste en passant s’il le faut pas une révision constitutionnelle. En aparté, M. Hollande a jugé que son prédécesseur, quasi candidat à la primaire de la droite, était allé “trop vite et trop loin” dans ses critiques de l’exécutif après l’attentat de Nice qui a fait 84 morts le 14 juillet.
Évoquant Alain Juppé, dont les réactions aux attentats de Nice et de Saint-Étienne-du-Rouvray ont varié, François Hollande a lâché : “Quand vous êtes sur le ni-ni, c’est que vous n’êtes pas toujours très au clair”.
“Être président de la République, c’est être capable de définir pour le pays une place dans un contexte qui a profondément changé. Ce sera le sujet de l’élection : la place de la France et la capacité de la France à pouvoir porter un modèle, une capacité à pouvoir fédérer, rassembler les Français, mais aussi donner un sens à la construction européenne”, a poursuivi le chef de l’État.
François Hollande est même persuadé que “le candidat de gauche (en 2017) a plus de chances de gagner s’il dit ce qu’il est possible de faire” en restant fidèle à l’État de droit et en se démarquant de la “fuite en avant” d’une partie de la droite.
Il juge cependant une victoire de Marine Le Pen et du Front national possible l’année prochaine : “L’inimaginable est désormais prévisible”, a-t-il lancé aux journalistes.
“Nous voyons bien que le contexte est particulièrement lourd et en même temps essentiel et décisif parce que ça va engager pour longtemps la vie du pays”, a-t-il insisté avant d’affirmer : “Il faut qu’on soit forts”.
François Hollande a également dénoncé les “excès” du candidat républicain à l’élection présidentielle américaine Donald Trump, qui donnent un “sentiment de haut-le-coeur”. “La démocratie, c’est aussi la grande question par rapport à la tentation autoritaire que l’on voit surgir” et “notamment” aux États-Unis, a insisté le chef de l’État.
Donald Trump, a-t-il toutefois observé en aparté, “n’est pas encore élu” mais “si les Américains choisissent Trump, ça aura des conséquences parce que l’élection américaine est une élection mondiale”. “Cela peut conduire à une droitisation très forte ou, au contraire, à une correction”, a-t-il analysé, notant que “la campagne américaine indique des thèmes qui se retrouvent ensuite dans la campagne française”.
Le chef de l’État a également décoché quelques flèches à son jeune ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, dans une tirade sur “les politiques qui n’aiment pas la politique”. “Pour trouver la solution, et ça a pu m’arriver aussi, on dit ‘on va faire de la politique autrement'”, a-t-il ironisé.
Mais “la politique, il faut l’aimer, même avec ses médiocrités”, a-t-il poursuivi, parce que même si “la démocratie a besoin d’être profondément renouvelée et régénérée”, il “n’y a pas de démocratie sans politique”.