Le ressortissant algérien qui devait prendre l’avion à l’aéroport parisien de Roissy pour être expulsé de France est mort jeudi à la suite d’une “asphyxie”, et non d’une crise cardiaque comme indiqué initialement, a-t-on appris samedi auprès du parquet à Bobigny.
Des sans-papiers, placés avec lui au centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes (Val-de-Marne), ont déclaré samedi soir à l’AFP avoir entamé une grève de la faim pour que les responsabilités dans sa mort soient établies.
“Selon les premiers résultats de l’autopsie, la mort été provoquée par une asphyxie due à une régurgitation gastrique”, a déclaré un porte-parole du parquet, confirmant une information du journal Le Monde.
Vendredi, une source policière avait informé que l’homme de 51 ans, qui faisait l’objet d’un arrêté ministériel d’expulsion en date du 12 août, était “décédé d’une crise cardiaque, malgré les secours prodigués”.
Parti à bord d’un fourgon peu avant 19H00 du centre de rétention, sous escorte policière, la victime avait “fait un malaise dans le fourgon en arrivant à l’aéroport de Roissy” où il devait embarquer dans un vol en direction de l’Algérie, avait expliqué cette source.
Quelques jours plus tôt, le 16 août, ce quinquagénaire, plusieurs fois condamné en France pour des faits de vols et escroqueries ainsi que des violences, s’était très violemment opposé à une première tentative d’expulsion et avait dû être reconduit au CRA de Vincennes.
Selon son avocat Sohil Boudjellal, le contexte était “extrêmement tendu” jeudi. “Il ne voulait pas se faire expulser, car toutes les voies de recours n’avaient pas été épuisées”, a-t-il déclaré à l’AFP. “Il a été pris par la force. Il a probablement dû se débattre”, a-t-il estimé.
Vendredi, le parquet de Bobigny a ouvert une information judiciaire pour “homicide involontaire”. Estimant qu’il s’agit d’un décès “a priori accidentel”, il a chargé un juge d’instruction de mener l’ensemble des investigations.
En parallèle, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la “police des polices”, a été saisie d’une enquête jeudi soir.
Dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a souhaité “que l’enquête judiciaire permette de faire toute la lumière sur les circonstances de ce décès dramatique”.
Vendredi, des retenus ont commencé une grève de la faim pour “que les acteurs de cette violence soient punis”, a dit l’un d’eux, Ivan Dragic, un Serbe joint dans une cabine téléphonique du CRA.
“On sait qu’on est ici parce qu’on est en situation irrégulière, mais il y a des limites à ce que la police peut faire”, a-t-il ajouté, en réclamant également de meilleures conditions d’hygiène dans le centre et que la durée de la rétention soit limitée à 20 jours, contre 45 actuellement.
Radoine Fakir, un Tunisien qui dit avoir partagé une chambre avec la victime, a déclaré qu’elle semblait “en parfaite santé” au moment de son départ. “On est tous choqués”, a-t-il ajouté.