La pression est montée d’un cran lundi sur l’éphémère secrétaire d’Etat Thomas Thévenoud, appelé au PS à “tirer les conséquences” de ses déboires fiscaux sur son mandat de député, tandis que certains à droite l’appellent ouvertement à démissionner.
Alors que les députés font mardi leur rentrée après la pause estivale, le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis a convoqué l’éphémère secrétaire d’Etat au Commerce extérieur “pour tirer les conséquences en tant que député socialiste des révélations sur ses déclarations fiscales”.
M. Thévenoud, 40 ans, avait démissionné jeudi, neuf jours seulement après la constitution du gouvernement Valls II, car il n’a pas payé ses impôts pendants plusieurs années.
L’intéressé, redevenu simple député, a concédé de la “négligence mais pas de la malhonnêteté”, précisant avoir régularisé sa situation, impôts et pénalités dus depuis trois ans.
Selon le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone (PS), “c’est à la fois une décision individuelle et une décision collective” à prendre. L’élu de Seine-Saint-Denis s’est dit “certain” que le jeune député “saura prendre une décision qui à la fois le protège, lui, mais nous protège collectivement, et au-delà même de la gauche, tous les responsables politiques, parce qu’on voit le traumatisme qu’a créé cette affaire dans l’opinion publique”, une invitation implicite à démissionner.
“Il va y réfléchir, je pense qu’il doit savoir où sont ses responsabilités. Parce que ce qu’il a fait et le comportement qui a été le sien sont proprement inconcevables et inqualifiables, les élus doivent être exemplaires”, a de son côté estimé la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine.
Les appels ont été beaucoup plus clairs de la part de l’opposition. L’ancien Premier ministre et candidat à la primaire UMP Alain Juppé a estimé que M. Thévenoud devrait “au minimum se représenter devant ses électeurs”. “Je n’ai de leçon de morale à donner à personne, mais c’est quand même hallucinant de voir un député, qui plus est engagé dans la lutte contre la fraude fiscale, oublier de déclarer ses impôts”, s’est exclamé le maire de Bordeaux.
“Thomas Thévenoud, qui a conscience de ses erreurs, vit très durement cette épreuve. Laissons les uns et les autres digérer”, glissait lundi un élu socialiste, disant n’avoir “jamais été fan du lynchage”.
Un autre, le député du Nord Bernard Roman, a même directement pris sa défense, se déclarant “sidéré” qu’on puisse poser la question de sa démission ou exclusion, car “ce n’est pas un voyou”.
“Si on devait faire le procès sur la place publique de tous les députés qui ont été en délicatesse avec l’administration… S’il avait menti, triché, volé, certes, mais là, ce n’est pas le cas, ce n’est pas une faute pénale”, a aussi déclaré M. Roman.
Enfin, l’épouse de M. Thévenoud, Sandra Thévenoud, qui se trouve être la chef de cabinet du président sortant du Sénat, Jean-Pierre Bel (PS), a aussi été la cible de la sénatrice UDI-UC Nathalie Goulet, qui s’est interrogée sur son maintien dans ces fonctions. “La fiscalité étant l’affaire solidaire des époux, Mme Thévenoud marque la même irresponsabilité que son mari et devrait en tirer les conséquences”, selon la sénatrice de l’Orne, candidate à la succession de M. Bel.