Le groupe laitier Lactalis est dans le viseur des producteurs, appelés à manifester en masse devant le siège de la société, ce lundi soir, à Laval (Mayenne).
Le leader mondial des produits laitiers est accusé de tirer systématiquement les prix du lait vers le bas. “Nous attendons que cette manifestation se passe dans le calme, dans le respect des biens et des personnes, et qu’il n’y ait pas de débordement”, a expliqué le porte-parole de la société, Michel Nalet. Des agriculteurs venus de Bretagne, Normandie et Pays de la Loire ont notamment prévu d’occuper un rond-point proche de l’usine Lactalis à Laval, et de s’y relayer chaque jour pour faire plier le numéro un du secteur.
RAPPORT DE FORCE INÉGAL
À la base de ce mouvement de contestation : la baisse inexorable du prix payé aux éleveurs : près de 30% en deux ans.
À 0,25€ le litre, les producteurs vendant leur lait à Lactalis ne rentrent pas dans leurs frais, loin de là. Selon RTL, une ferme de taille moyenne perdra ainsi 40.000 euros sur l’année, en raison des coûts de production plus élevés. “En France, on a le coût environnemental, on a le bien-être animal, on a le coût social. On a un produit de très haute qualité. Et quelque part, on veut nous payer au prix lambda du lait qui arrive de n’importe où dans le monde”, expliquait la responsable de la Fédération nationale des producteurs de lait en Bretagne.
Pour pouvoir “vivre de leur métier”, les producteurs réclament ainsi un nouveau prix du litre. “Il nous faudrait 36 centimes”, demande la représentante de la profession. Soit une augmentation de 44%, réclamée à une entreprise peu encline à l’ouverture et au dialogue. À titre d’exemple, le géant du lait ne communique jamais sur son chiffre d’affaires, pourtant évalué à 17 milliards d’euros. En France, la trace de Lactalis se retrouve très largement dans les rayons, avec des marques porte-étendards telles que Président, Lactel, La Laitière, Bridel ou Salakis. Des actions symboliques de producteurs ont été menées dans plusieurs supermarchés de l’ouest du territoire.
Ce lundi, Lactalis s’est dit prêt à recevoir les organisations de producteurs pour discuter avec elles des prix du lait. “Pour ce qui concerne la FNSEA et la FNPL (branche “lait” du syndicat agricole majoritaire, ndlr) qui ont demandé un rendez-vous à notre président, nous avons répondu que bien entendu nous sommes disposés à discuter avec elles”, a-t-il ajouté. “Mais on ne peut pas à la fois guerroyer et faire un blocus (…
et stigmatiser notre groupe et demander de se mettre autour de la table”, a t-il toutefois relevé.
Pour défendre ses positions, le groupe se retranche derrière l’argument de la “réalité du marché”, et à la fin des quotas laitiers, en avril 2015, qui a engendré un écroulement des cours du lait à l’échelle mondiale. “Ce n’est pas parce que l’entreprise peut être considérée comme une entreprise qui se porte bien et qui se développe que nous pouvons nous exonérer de la réalité de notre marché” a noté le porte-parole de Lactalis..