C’est grâce aux mesures de la sonde Rosetta que des chercheurs l’ont découvert.
Tandis que Philae peine à progresser sur la comète Tchouri, la sonde Rosetta, qui l’y a déposé, prend toujours des mesures. Elle a ainsi permis de confirmer que l’eau terrestre provient d’astéroïdes, qui ont frappé notre planète il y a 3,9 milliards d’années, et non de noyaux cométaires. C’est ce qu’a expliqué, lors d’une conférence de presse, Kathrin Altwegg de l’Université suisse de Berne, principal auteure d’une étude publiée mercredi 10 décembre dans la revue américaine Science (en anglais).
A l’aide d’un spectromètre, les chercheurs ont déterminé que la signature atomique des molécules d’eau captées à proximité de la comète est très différente de celle se trouvant sur la Terre. Les scientifiques mesurent le ratio entre le deutérium, un isotope d’hydrogène, et l’hydrogène, qui forme l’eau avec l’oxygène. “Ce ratio de deutérium par rapport à l’hydrogène (dans les molécules d’eau de la comète Tchourioumov) est probablement le plus élevé de tous les corps du système solaire” et représente trois fois celui de l’eau sur Terre, précise le professeur Altwegg.
“On a du mal à s’y retrouver”
Le ratio est ainsi supérieur à celui trouvé dans les molécules d’eau de la comète de Halley, qui appartient pourtant à la même famille cométaire, dite de Jupiter, formée dans la ceinture de Kuiper. Un ratio deutérium/hydrogène élevé “signifie que la comète Tchourioumov s’est formée à très basse température, probablement au tout début du système solaire” il y a 4,6 milliards d’années, a déterminé la scientifique. En revanche, l’eau trouvée sur des astéroïdes a un ratio deutérium/hydrogène beaucoup plus faible et similaire à l’eau terrestre.
Les comètes sont riches en eau, ce qui n’est pas le cas des astéroïdes dont certains en sont même dépourvus. Mais, explique à l’AFP Francis Rocard, responsable du programme Rosetta au Centre national d’études spatiales, on a recensé à ce jour beaucoup plus d’astéroïdes (650 000) que de comètes (4 000).
“A mon avis, ce résultat de Rosetta ne bouleverse pas les choses mais les rend un peu plus complexes qu’on ne le pensait, tout en renforçant l’hypothèse des astéroïdes” comme source de l’eau terrestre. En effet, “le ratio deutérium/hydrogène de l’eau est variable d’une comète à l’autre, beaucoup plus, apparemment, que pour les astéroïdes et, pour le moment, on a du mal à s’y retrouver”, poursuit le scientifique.