Le président du Medef Pierre Gattaz a menacé mardi de “demander la suspension des négociations d’assurance chômage”, si “rien ne bouge” d’ici la fin de l’examen du projet de loi travail à l’Assemblée nationale mi-mai. Premier à réagir, Jean-Claude Mailly, numéro un de FO, a qualifié mardi de “pitoyable” cette menace, accusant le président du Medef de “verser dans le poujadisme”.
“Si rien ne bouge rapidement sur ce texte, dans les trois semaines, nous en tirerons les conséquences”, a déclaré M. Gattaz lors de sa conférence de presse mensuelle. Des propos que Jean-Claude Mailly a rapidement condamnés.
“Nous demanderons sans doute la suspension des négociations d’assurance chômage”, a ajouté le patron des patrons. “Il n’est plus question aujourd’hui de continuer à faire semblant, à négocier dans une logique absurde de donnant-donnant, qui n’a mené depuis 30 ans qu’à plus de complexité, de rigidité et de coût pour les entreprises, et plus de chômage durablement élevé pour les concitoyens”, a encore estimé Pierre Gattaz. “Nous avons atteint aujourd’hui notre point de rupture”, a-t-il assuré.
Des déclarations qui n’ont pas du tout plus au secrétaire général de Force ouvrière. “Les déclarations de Pierre Gattaz sont pitoyables et graves”, a déclaré M. Mailly. “Prendre la négociation de l’assurance chômage comme un objet de chantage, ce n’est pas responsable, y compris sur le plan démocratique”, a-t-il poursuivi. “Accuser Force ouvrière d’être une organisation politisée, c’est la preuve de son inculture sociale et économique”, a-t-il ajouté.
Selon Jean-Claude Mailly, “le patronat est en train, en tout cas à travers les déclarations de M. Gattaz, de verser dans le poujadisme, un mélange de corporatisme et de populisme de droite”. “Il ne s’en rend peut-être pas compte, mais avoir de telles positions, cela fait le jeu de l’extrême droite”, a-t-il conclu.
Pour rappel, le patron des patrons réclame le retrait du compte personnel d’activité (CPA), de la surtaxation obligatoire des CDD et du mandatement pour les petites entreprises sans représentation du personnel, qui devront négocier avec des salariés mandatés par un syndicat.