Dans un entretien au Journal du Dimanche, le Premier ministre se dit prêt à des concessions sur la loi Travail tout en se disant déterminé à refuser “l’immobilisme”.
À la veille d’une semaine marquée par des rencontres avec les partenaires sociaux et une journée d’action le 9 mars, Manuel Valls s’explique ce dimanche 6 mars sur la controversée loi Travail. Alors que 70% des Français se disent opposés au projet de loi porté par Myriam El Khomri (sondage Le Parisien) et qu’une pétition en ligne contre a recueilli un million de signatures en deux semaines, le Premier ministre assure qu’il est “un levier puissant” pour une France plus égalitaire.”Ce qui serait terrible, c’est le statut quo” martèle-t-il dans un entretien au Journal du Dimanche, précisant qu’il ne “donner(a) pas une seule seconde à l’immobilisme”.
“Ma méthode, c’est le dialogue” assure le chef du gouvernement qui s’engage à des “améliorations” sur “deux points” contestés, la création d’un plafond pour les indemnités prud’homales et l’extension du licenciement économique.
Les syndicats réformistes (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa) demandent le retrait de l’article sur le plafonnement de ces indemnités lors de licenciements abusifs. Le texte initial prévoit que les dommages et intérêts ne dépassent pas 15 mois de salaire, selon l’ancienneté, alors que la pratique est un mois de salaire par année d’ancienneté. Concernant le licenciement économique, le texte prévoit que les difficultés économiques de l’entreprise soient caractérisées (baisse du chiffre d’affaires, commandes, pertes d’exploitation). Les réformistes veulent que les juges puissent continuer à “apprécier la réalité des difficultés économiques”.
– “Cette loi, c’est du gagnant-gagnant” –
Vivement contestée par les syndicats et une partie de la gauche, cette réforme est “essentielle pour (le) pays” assure Manuel Valls. “Cette loi, c’est du gagnant-gagnant pour l’entreprise et les salariés”. Et afin de “répondre à toutes les questions, inquiétudes et critiques formulées de bonne foi”, il met en avant le report de 15 jours, au 24 mars, du passage du projet de loi en Conseil des ministres afin de trouver un compromis.
Interrogé sur un éventuel recours au 49-3 pour faire passer en force le projet de loi ainsi que l’avait sous-entendu la ministre du Travail dans un entretien aux Échos, il affirme n’avoir “jamais évoqué l’idée de mettre en œuvre le 49-3″. “Myriam El Khomri a simplement rappelé que nous assumerions nos responsabilités. Et notre responsabilité, c’est de mener à bien ce texte avec les amendements nécessaires”. Moi, je veux convaincre les socialistes, les radicaux de gauche, les écologistes d’approuver cette loi mais je veux que la loi recueille aussi l’assentiment de tous ceux qui veulent réformer le pays”, affirme-t-il. Il se dit “convaincu” qu’il y a une majorité “parmi les partenaires sociaux, comme au Parlement” pour réformer.
Manuel Valls affirme par ailleurs dans le JDD qu’il ne fera jamais “de chantage à la démission” de son poste de Premier ministre. “Il y aurait une forme d’indécence à poser le débat autour de ma personne”, assurant : “Le seul sujet qui me préoccupe, c’est l’efficacité de cette réforme”.
“Mon rapport avec le président de la République est empreint de loyauté personnelle et de respect des institutions”, souligne le Premier ministre. Une loyauté qui s’exprime même dans le cadre de la présidentielle de 2017. Interrogé sur l’éventualité d’une primaire à gauche, il répond : “attention ! Ce débat sur la primaire, je le suis avec intérêt mais si c’est pour s’en prendre à la légitimité du président et des institutions, alors je ne suis pas d’accord !”