Un premier cas d’Ebola a été diagnostiqué mardi aux Etats-Unis. L’homme s’est présenté aux urgences de l’hôpital du Texas et a pu, à tort, repartir. Retour sur une prise en charge calamiteuse et qui pourrait avoir des conséquences.
L’hôpital du Texas a-t-il failli à sa mission? La question se pose ce jeudi après la découverte mardi d’un premier cas d’Ebola détecté sur le sol américain et hors du continent africain. Le patient, qui provient du Libéria, s’est rendu aux urgences de l’établissement avant d’être renvoyé chez lui par le personnel. L’établissement en question, le Texas Health Resources, a admis avoir fait une erreur. Car l’homme, avant d’être finalement hospitalisé, a été en contact avec d’autres personnes, dont de jeunes enfants. Retour sur une prise en charge laborieuse alors que selon le dernier bilan de l’OMS, le virus a déjà fait plus de 3300 victimes en Afrique de l’Ouest.
Un voyage au Liberia
Le principal intéressé a atterri à Dallas le 20 septembre dernier après avoir effectué un voyage au Liberia. A son arrivée sur le sol américain, l’homme ne présentait “aucun symptôme”, a indiqué le Dr Tom Frieden, le directeur des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Selon lui, il “n’y a aucun risque” que cet individu ait pu infecter des passagers à bord de l’avion qui l’amenait au Texas. Car l’homme était en période d’incubation et donc non contagieux. Il ne pouvait pas être détecté par le contrôle de la fièvre effectué sur les passagers avant de prendre l’avion, compte tenu du fait qu’il n’en avait pas à ce moment précis. En outre, le Dr Frieden rappelle que le virus ne se transmet pas par voie aérienne, comme la grippe par exemple, et ne peut être transmis qu’au contact direct de fluides contaminés comme le sang ou la salive.
Les premiers symptômes
Ce n’est que quatre jours après son arrivée à Dallas, soit le 24 septembre, que l’homme commence à ressentir les premiers symptômes liés au virus. Il s’est alors rendu en consultation à l’hôpital. Sur place, il confie à l’infirmière chargée d’établir la fiche d’informations qu’il a récemment voyagé en Afrique. “Malheureusement cette information n’a pas été transmise à toute l’équipe soignante et n’a pas pu être prise en compte dans sa décision clinique”, déplore le Dr Mark Lester, directeur général de Texas Health Resources. Le jour même, le patient est renvoyé chez lui avec un diagnostic “d’infection virale bénigne” et muni d’une simple prescription d’antibiotiques, raconte Le Monde.
Retour à l’hôpital
L’état de santé du patient se dégradant, il finit par être transporté en urgence à l’hôpital où des prélèvements sanguins sont réalisés. Le 28 septembre, l’homme est hospitalisé et placé en quarantaine. Mardi, les résultats tombent: il est atteint du virus Ebola. Une infection confirmée par des analyses de deux laboratoires. Mercredi, l’hôpital a fait savoir qu’il se trouvait dans un état “grave mais stationnaire”.
Inquiétude des autorités sanitaires
Du 24 au 28 septembre, le patient a donc été contagieux sans être en quarantaine, et pourrait avoir contaminé d’autres personnes. Mercredi, les autorités sanitaires étaient à la recherche de tous les individus qui auraient pu être en contact avec lui. Parmi eux, “des enfants en âge scolaire”, a déclaré le gouverneur du Texas, Rick Perry. Pour l’heure, les Centres de contrôle et de prévention des maladies ont affirmé que toutes les personnes qui risquaient d’avoir été infectées faisaient l’objet d’une étroite surveillance médicale. D’après le Washington Post, les autorités vérifient les éventuels symptômes de ces personnes deux fois par jour.
Pour le Dr Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), ce patient aurait dû être traité comme un cas suspect d’infection par Ebola dès sa première visite à l’hôpital le 25 septembre. “Si le médecin du service d’urgence avait interrogé cette personne sur ses antécédents de voyage et que celle-ci lui avait dit revenir d’Afrique de l’Ouest, cela aurait tiré une énorme sonnette d’alarme”.