Bernard Cazeneuve a réitéré son appel ce jeudi : le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, doit “prendre ses responsabilités” et “condamner” des syndicalistes qui seraient coupables de violences en marge des manifestations contre la loi travail. –
La guerre des mots se poursuit par médias interposés entre Bernard Cazeneuve et Philippe Martinez. “À Philippe Martinez, je dis qu’il doit prendre ses responsabilités” et “je lui confirme, comme à l’ensemble des organisations syndicales” que si des syndicalistes devaient “s’en prendre aux forces de l’ordre” en marge des manifestations, “ils ont vocation à être punis”, a déclaré le ministre de l’Intérieur ce jeudi 16 juin.
Le ministre de l’Intérieur s’exprimait devant la presse place Beauvau en marge de l’inauguration d’un nouveau centre d’information rassemblant toutes les directions de la police.
“PAS D’EXCUSE”
“Je ne fais jamais d’amalgame dans mes propos entre les casseurs et les responsables syndicaux”, a-t-il ajouté. Mais il a clairement ciblé un lien dans les violences en marge de la manifestation de mardi, faisant écho au préfet de police de Paris, avec “des personnes qui portent l’insigne de la CGT” que Philippe Martinez “ne condamne pas”. Le préfet de police de Paris, Michel Cadot, a évoqué mercredi “une forme de solidarité” entre des manifestants, dont certains brandissant des drapeaux de la CGT, et les casseurs lors de la manifestation contre la loi travail, à nouveau émaillée de violences mardi.
“Philippe Martinez doit le condamner (… il faut remettre les choses à leur place plutôt que de continuer à tenir ce discours”, la CGT “doit prendre ses responsabilités”, a martelé Bernard Cazeneuve. “Des dizaines de manifestations se sont tenues” et “400 policiers ont été blessés car il étaient confrontés à des casseurs”, a ajouté le ministre. “Quand des casseurs défilent en disant ‘un policier une balle’ il n’y a qu’un mot à avoir”, il faut le “condamner”. Il n’y a “pas d’excuse”, a ajouté le ministre, “chacun a intérêt à prendre ses responsabilités”.
Dix-huit personnes, interpellées mardi après des affrontements lors d’une nouvelle manifestation contre la loi travail, vont être présentées jeudi après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris pour être jugées en comparution immédiate. Les incidents ont été particulièrement spectaculaires dans le secteur de Port-Royal, des Invalides, mais aussi dans les XIe et XVe arrondissements où des baies vitrées du ministère des Outre-Mer et surtout de l’Hôpital pédiatrique Necker-enfants malades ont été brisées.
Vitrines de banques, d’opticien, de serrurier, de restaurants, supérettes, salons de coiffure ou un centre d’imagerie médicale : les casseurs s’en sont aussi pris à de nombreux commerces, parfois sous les huées d’une partie des manifestants. Place de la République, un véhicule de la RATP et deux Autolib, vides de tout occupant, ont été incendiés dans la soirée. Vingt-neuf policiers et onze manifestants ont été blessés au cours de la manifestation, selon la préfecture de police de Paris.
MARTINEZ NIE TOUTE RESPONSABILITÉ
Le secrétaire général de la CGT s’est étonné jeudi, à la veille de sa rencontre avec la ministre du Travail Myriam El Khomri, de la “charge” du gouvernement contre sa centrale après la manifestation mardi contre le projet de loi travail. Je trouve un peu paradoxal, alors qu’il y a un dialogue qui va s’ouvrir, qu’il y ait une telle charge” contre la CGT, a-t-il déclaré sur RTL, après que l’exécutif eut mis en cause l’attitude “ambiguë” de la CGT à l’égard des casseurs.
Interrogé sur les violences ayant émaillé la manifestation à Paris, Philippe Martinez a de nouveau nié “absolument” toute responsabilité de la CGT dans les actions de “casseurs à l’extérieur” du cortège. “Effectivement, en fin de manifestation, dans la manifestation (…, il y a eu un ordre, je pense de la préfecture (…, de foncer sur les manifestants alors que nos services d’ordre essayaient de dégager la manifestation. Donc il y a eu des incidents entre la police et les manifestants, juste à la fin, place Vauban”, a-t-il ajouté. “Quand c’est comme ça – ce n’est pas la première fois -, chacun essaie de se défendre. Parce que c’est assez violent ce genre de contact”, a-t-il ajouté.
“Après avoir été dans le déni des violences qui pouvaient y compris impliquer des militants de la CGT, M. Martinez en vient à la justifier. Certes d’une façon un peu laborieuse, mais quand même. Et je pense que ce type d’attitude montre bien les ambiguïtés dont parlait le Premier ministre”, a réagi peu après sur iTÉLÉ, le secrétaire d’État aux relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen..