Manifestations nocturnes, patron de la police hué, “marche de la colère” à venir… L’exécutif a tenté de calmer le ras-le-bol des policiers ce mercredi mais le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a lui dénoncé la “patte” du Front national (FN) dans ce mouvement qu’il a qualifié de “hors la loi”.
La grogne des policiers fait suite à une attaque au cocktail Molotov d’un véhicule de police à Viry-Châtillon (Essonne) le 8 octobre, lors de laquelle un adjoint de sécurité (ADS) de 28 ans a été très grièvement brûlé. Sa collègue, une gardienne de la paix de 39 ans, également grièvement brûlée, a quitté l’hôpital mardi soir, selon le directeur général de la police nationale (DGPN), Jean-Marc Falcone.
L’exécutif tente de calmer le jeu
“Les policiers veulent une réponse pénale aux agressions et à la violence dont ils sont victimes”, a expliqué à l’AFP le secrétaire général d’Alliance, Jean-Claude Delage, qui a été reçu ce mercredi après-midi par le ministre de l’Intérieur qui souhaite “rassurer ceux qui sont inquiets et apporter le nécessaire apaisement”. A 19h, ce sera au tour du garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, de les recevoir. Deux syndicats de gardiens de la paix, Alliance (première organisation) et l’Unsa-Police, rejoints par Synergie (second syndicat d’officiers), avaient demandé ces réunions “en urgence”.
Dans les faits, c’est l’ensemble de l’exécutif qui tente de calmer le jeu. François Hollande a réaffirmé son “soutien” aux policiers, et appelé au “dialogue” avec les syndicats policiers. Pour le chef de l’État, l’attaque au cocktail molotov “parfaitement inacceptable (…
suscite légitimement de la part des policiers une profonde émotion et une mobilisation” mais le président a rappelé l'”action constante qui a été conduite” par l’exécutif et les “moyens débloqués” (recrutements en hausse depuis 2013).
Appel à une marche silencieuse le 26 octobre
Sur le terrain, les policiers exigent eux des renforts, des moyens et se plaignent d’un surplus de gardes dites statiques ou de “mission indues”. Ils réclament également des sanctions sans failles contre les auteurs de violences. Un autre syndicat, Unité-Police SGP-FO, a pour sa part appelé à une manifestation silencieuse, “une marche de la colère policière et citoyenne”, le mercredi 26 octobre, encourageant la population à participer.
Le directeur général de la police nationale (DGPN), Jean-Marc Falcone, a expliqué comprendre “l’exaspération, les craintes et les angoisses” des policiers, tout en déplorant que certains aient “utilisé des véhicules” et des “moyens” de la police “pendant leurs heures de service”. Il a adressé un ferme rappel à l’ordre à ses troupes et est reparti mardi soir sous les huées de quelque 400 fonctionnaires venus soutenir leurs collègues menacés de sanctions.
Une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la “police des polices” est en cours. “Ce n’est pas pour entrer dans un cycle de sanctions, c’est pour rappeler des principes”, a cependant assuré le ministre de l’Intérieur. Le mouvement de protestation, parti de l’Essonne, commence à faire tache d’huile : une centaine de policiers se sont ainsi rassemblés dans la nuit de mardi à mercredi à bord de leurs véhicules de service sur le Vieux-Port à Marseille. A Nice, 80 policiers, la plupart en tenue, se sont également rassemblés mardi place Masséna.
La droite “prend partie” pour les policiers
A quelques mois de la présidentielle, le gouvernement est sous le feu des critiques de l’opposition. Si Bernard Cazeneuve a critiqué les “instrumentalisations”, Alain Juppé, Bruno Le Maire ou, à l’extrême droite, David Rachline, ont dit mercredi comprendre la colère des policiers. “C’est bien beau de dire qu’ils ne devraient pas (manifester). Encore faut-il comprendre pourquoi ils se comportent comme cela et leur apporter des solutions”, a estimé sur France 2 Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite.
“Le Front national aujourd’hui se camoufle dans la situation politique”, a lui déclaré ce mercredi le premier secrétaire du Parti sociliaste, Jean-Christophe Cambadélis. “Il n’intervient quasiment sur rien, même si nous avons vu sa patte dans les manifestations hors la loi qui se sont déroulées avec les forces de l’ordre hier”, a-t-il poursuivi.
Épinglant au passage le député Les Républicains (LR) des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, qui a “pris partie” pour les policiers, le patron du PS a dirigé ses attaques vers Marine Le Pen, qui “manie tout à la fois la banalisation et l’excitation”. Se référant au cortège de voitures de police qui a défilé dans la nuit de lundi à mardi “en haut des Champs-Élysées”, s’est dit “pour le moins surpris” de voir “des policiers chargés de faire respecter l’ordre, être eux-mêmes facteurs de désordre”.
“Pas de ‘patte’ mais un soutien sans faille, face à un pouvoir qui a manifestement de la haine pour la police” a répliqué Florian Philippot, bras droit de Marine Le Pen, sur Twitter.