Environ 500 Calaisiens, dont nombre de commerçants qui estiment payer un lourd tribut à la crise migratoire, se rendent ce lundi à Paris pour exprimer leur désarroi.
Ce lundi matin 7 mars à 8h, dix bus remplis de 500 commerçants, chefs d’entreprises et élus, dont la maire Natacha Bouchart, ont quitté Calais pour se rendre à Paris. Avec comme slogan “Mon port est beau, ma ville est belle”, ils vont manifester devant le ministère des Finances à Bercy, puis face au Quai d’Orsay et enfin à l’Élysée afin de réclamer le démantèlement de la “jungle” qui nuit selon eux à l’image de leur ville.
“Calais outragé… Calais brisé…Calais martyrisé…” pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants, au nombre de 500 selon les organisateurs. Dans la foule, certains exprimaient leur amour pour leur ville en arborant un t-shirt blanc au coeur rouge tandis que d’autres brandissaient des drapeaux français. “On est ni pour ni contre les migrants”, a insisté auprès de l’AFP le président de l’association “Grand rassemblement du Calaisis”, Antoine Ravisse. Les commerçants de la ville portuaire de Calais veulent qu”on rétablisse l’image de Calais en France, en Europe, un peu partout”, dit-il.
“Il y a une volonté de notre part de dire que les médias, surtout anglais, nous ont assassinés, il faut redorer le blason et dire qu’il ne se passe strictement rien à Calais. Certes, il y a un bidonville à côté de chez nous mais l’État a repris la main dessus et il était temps !”, expliquait auparavant le restaurateur Pierre Nouchi, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) du Calaisis, qui chiffre à “30 à 40%” la baisse de chiffre d’affaires des commerces qu’il représente.
Alors que les travaux de démantèlement de la zone sud du bidonville située à une heure à pied de la ville sont actuellement en cours et qu’un camp aux normes a ouvert ce lundi à Grande-Synthe, cela ne suffit pas pour le boulanger Frédéric Van Gansbeke, également porte-parole de ce grand rassemblement. Il faut “que l’ensemble de cette jungle soit démantelée avant cet été pour que les Anglais puissent s’arrêter à Calais au retour de leurs vacances”, demande-t-il.
– Des compensations économiques –
À 14h, une délégation de cinq personnes sera reçue par le ministre des Finances Michel Sapin, un proche collaborateur de François Hollande et un autre de Jean-Marc Ayrault (Affaires étrangères, en charge du tourisme). Ils vont réclamer une exonération de taxe afin de compenser la baisse de leur chiffre d’affaires à Bercy et une campagne de promotion pour faire revenir les touristes au Quai d’Orsay.
Ce déplacement intervient trois jours après celui de la maire de Calais, Natacha Bouchart, reçue par le président de la République. “Je lui ai fais part des difficultés économiques de notre territoire; bon nombre d’entre elles sont des conséquences de la crise migratoire”, a indiqué l’élue Les Républicains, qui a souvent regretté de voir sa ville transformée “en terrain de jeu des extrémistes” lors de manifestations d’extrême gauche ou d’extrême droite.
Les milieux économiques du Calaisis ont bien accueilli l’annonce vendredi de la mise en service, le 29 mars, de l’autoroute ferroviaire pour les poids-lourds entre Calais et Le Boulou (Pyrénées-Orientales), ainsi que la mise à l’étude d’un dispositif permettant un report de charges fiscales, voire d’un effacement dans certains cas.
Mais la délégation veut aussi demander “la création d’une zone franche à l’échelle du Calaisis” et “un grand plan de relance du tourisme”, selon M. Van Gansbeke. “on attend des annonces qui vont nous donner un peu d’air pour pouvoir survivre un peu plus longtemps”, confie M. Nouchi.