Quatre pays -le Canada, l’Inde, Singapour, mais surtout l’Égypte- ont exprimé un intérêt “sérieux” pour le rachat des navires de guerre de type Mistral après l’annulation de leur vente par la France à la Russie, a indiqué un haut responsable français à des parlementaires, tout en donnant des précisions sur la facture pour Paris et le chantier de “six mois” de démontage de matériels russes.
Le démontage dans le port de Saint-Nazaire de matériels militaires russes intégrés aux deux “bâtiments de projection et de commandement” (BPC), devrait durer jusqu’en janvier, selon des informations présentées par le secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN), Louis Gautier, à des parlementaires et obtenues vendredi par l’AFP.
Les opérations de démontage et de retour du matériel en Russie, qui ont débuté en août, “sont prévues pour durer six mois”, soit au tout début 2016, a-t-il expliqué lors d’une double audition à l’Assemblée nationale et au Sénat, mardi.
Des équipes d’ingénieurs et techniciens russes, assistées d’équipes techniques françaises, participent actuellement au chantier, a confirmé son entourage.
Selon l’accord signé avec Moscou, “c’est uniquement à l’issue de la restitution” des matériels russes “que la France disposera du droit de les exporter après information écrite de la Russie” par Paris, selon le SGDSN.
Le projet de loi entérinant l’accord franco-russe après la décision de Paris de renoncer à livrer deux Mistral, du fait de l’implication de Moscou dans la crise ukrainienne, doit être débattu jeudi à l’Assemblée.
La revente -encore à concrétiser et avec une probable décote- des navires, les frais de démontage du matériel russe présent à bord puis de rééquipement des bateaux, ainsi que divers autres frais de maintenance ont suscité des inquiétudes d’une lourde ardoise financière pour la France.
– Revendre les Mistral rapidement au meilleur prix –
Le SGDSN, qui était le négociateur français avec Moscou dans ce dossier, a toutefois réfuté la facture totale de 2 milliards d’euros avancée par Le Canard enchaîné, un montant jugé “absurde” au sein de l’organe gouvernemental, qui dépend de Matignon.
Le mécanisme d’indemnisation dans ce dossier est complexe: 949,7 millions ont déjà été versés par la Banque de France à la banque centrale russe dès la conclusion de l’accord avec Moscou le 5 août.
Cette somme est un remboursement des 893 millions versés par la partie russe pour la commande, plus un montant de 56,7 millions payé par l’État français, qui couvre notamment des frais de formation de marins russes.
C’est pour l’heure le seul montant payé par l’État, mais la facture devrait s’alourdir: le coût de construction dépassait les avances versées par les Russes et il faut lui ajouter des frais de gardiennage et maintien en état opérationnel des navires. Or, ces frais s’élèvent “à 2 millions d’euros par mois” pour les deux navires, selon le SGDSN.
“Les montants finalement garantis par la Coface pourraient être de l’ordre de 1,1 milliard d’euros, dont il faudra soustraire le montant de la transaction” en cas de revente, a indiqué M. Gautier aux élus.
Cette somme n’inclut toutefois pas encore les frais de remplacement des matériels russes en vue d’une revente à un autre pays, dont le montant n’est pas encore connu.
Et si le constructeur des navires, le groupe de chantiers navals DCNS, est couvert par l’assureur-crédit Coface, ce dernier agit pour ce contrat pour le compte de l’État, ce qui signifie que c’est bien le Trésor qui paiera au final.
Pour limiter la note, Paris espère revendre rapidement les navires au meilleur prix.
Le Canada, l’Inde, Singapour, mais surtout l’Égypte ont exprimé leur intérêt “sérieux” pour les bateaux, a expliqué M. Gautier aux parlementaires,
L’Égypte, où le Premier ministre Manuel Valls doit se rendre en octobre, apparaît comme le “prospect” le plus avancé, a confirmé à l’AFP une source gouvernementale. D’autant que les équipements dans la marine égyptienne sont similaires à ceux que les Russes sont en train d’enlever des deux BPC.
Les travaux nécessaires pour vendre les navires au Canada, qui dispose d’équipements de standard Otan, seraient eux plus complexes et donc plus coûteux, a expliqué cette source.