REPORTAGE – Dans une trentaine de communes du département, les écoles ont été fermées d’autorité ce mercredi par les mairies. Le ministère de l’Education a prévenu que la justice serait saisie.
«C’est tout simplement ingérable, cette réforme», s’indigne Sophie, mère de deux enfants scolarisés en primaire. Au lieu de laisser ses enfants à l’école ce mercredi matin, comme la nouvelle organisation du temps scolaire le prévoit, elle est venue manifester devant la préfecture d’Evry. «Si on se basait vraiment sur le rythme des enfants, on organiserait un temps calme après le déjeuner, de la lecture, une petite sieste.. Et après encore au travail! Mais leur faire multiplier les activités, ça n’a pas sens», poursuit Mélanie, qui vit à Tigery, dans l’Essonne. Dans sa commune, comme à Yerres, Janvry, Montgeron, Vigneux, Étampes, Saint-Hilaire, Chalou-Moulineux, Valpuiseaux, ou encore Authon-la-Plaine, les mairies se sont mobilisées pour fermer les école ce mercredi et participer à une manifestation devant la préfecture d’Evry. Environ 200 personnes ont répondu à l’appel. Chaque ville y est allée de son petit coup de com’ créatif: à Montgeron, la mairie a fait changer les serrures pendant la nuit et a pris un arrêté municipal visant à fermer l’école tous les mercredis, pour cause de «travaux.» À Yerres, le fief de Nicolas Dupont-Aignan, une large chaîne ornée d’un cadenas fermait les portes de l’école Beauregard. À côté, à l’école St-Exupéry, les serrures ont aussi été changées. Un arrêté municipal a été pris arguant de la nécessité de fermer les écoles toute une journée pour permettre leur nettoyage et entretien.
«C’est incroyablement choquant»
Leader du mouvement, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout La République, passait de caméra en micro de radio pour dérouler son argumentaire: «Ce n’est pas que je ne veux pas appliquer la réforme, c’est une question de sécurité. Je n’ai ni les infrastructures, ni le personnel qualifié correspondant. Je ne veux pas que ma ville se retrouve dans la rubrique fait divers», tonne-t-il. Sa ville, Yerres, est particulièrement mobilisée contre les rythmes scolaires. À tel point qu’un service de cars, financés par la mairie, proposait d’emmener les habitants à Evry pour se rendre à la manifestation. Une implication qui commence à fatiguer les parents d’élève. Devant l’école Beaureagrd, où il a donné une conférence de presse, Nicolas Dupont-Aignan a davantage été accueilli par les sifflets que par les honneurs. «C’est normal, ce sont des opposants socialistes», souffle son service de presse. Beaucoup jugent «incroyablement choquant» la présence de cadenas et de policiers devant l’école, comme Anne, enseignante à la retraite. Michel, soupire devant l’école fermée de son fils. «Je suis chef d’entreprise et chez moi, quand un employé ne parvient pas à mettre en place un process en un an et demi… Il ne tient pas longtemps dans la boîte! Alors je doute que le maire n’aie pas pu trouver une solution pour mettre en place la réforme, c’est purement politique. Et pourtant je suis de droite, mais ce ne sont pas nos enfants qui doivent en faire les frais», tient à préciser le père de Cléa. L’équipe enseignante, contrainte à ne pas donner cours, est restée de côté, sans donner son avis, invoquant un «droit de réserve». Une délégation des maires rebelles à a été reçue à la préfecture, et appelle à une manifestation nationale samedi. Najat Vallaud-Belkacem a elle promis des suites judicaires à l’encontre des maires.