La candidature de Paris démarre officiellement sous les meilleurs auspices. Tout le monde fait part de son enthousiasme à l’exception de Jean-Luc Mélenchon.
Paris est officiellement candidate pour l’organisation des JO 2024 et espère faire oublier ses trois échecs de 1992, 2008 et 2012. La capitale française rejoint ainsi Boston, Hambourg et Rome, déjà candidates. Budapest a, de son côté, fait un pas décisif mardi : son conseil municipal a donné son feu vert à la candidature, qui doit désormais être avalisée par le Parlement hongrois.
Symbole de la volonté de placer les athlètes au premier plan de la candidature parisienne, ce sont des champions olympiques qui ont lancé le signal du départ en envoyant par tweet le hashtag #Paris2024. “L’État mettra tout en oeuvre pour accompagner le mouvement sportif”, a assuré François Hollande. “Cette candidature sera celle de la mobilisation de notre pays”, a-t-il poursuivi dans un communiqué. “Vouloir les Jeux, c’est vouloir partager un grand événement. C’est le réaliser ensemble.”
De son côté, le Premier ministre Manuel Valls a tweeté : “Ensemble, faisons de Paris la capitale mondiale du sport et de ses valeurs. Tous avec le mouvement sportif pour les JO #Paris2024 !” Le ministre des Sports Patrick Kanner s’est montré confiant : “C’est une candidature qui démarre bien, avec des athlètes au premier plan, une belle équipe et un budget bien maîtrisé. (… Paris a de grands équipements sportifs déjà construits. Excepté le village et la piscine olympiques, il y a peu d’investissements nouveaux à faire. (… On sent déjà une forte adhésion des Français pour ce beau projet et l’État sera là en soutien, comme le président l’a encore affirmé.”
“C’est une chance” (Lemaitre)
Les champions olympiques Marie-José Pérec, Renaud Lavillenie, Teddy Riner, Laura Flessel ont dit leur amour pour les Jeux qui les ont sacrés. “Que peut-on offrir de mieux à notre jeunesse ?” s’est interrogée Pérec, triple médaillée d’or. Christophe Lemaitre a lui aussi fait part de son enthousiasme : “C’est une chance. Chaque sportif français aimerait avoir les Jeux à la maison. (… Ça me donne totalement envie de poursuivre ma carrière jusque-là. Après, j’aurai 34 ans, je serai un peu vieux et j’espère ne pas être jeté à la poubelle tout de suite pour vivre probablement ma dernière olympiade en faisant des JO devant le public français pour un souvenir inoubliable.”
Relayant l’enthousiasme des athlètes, qui rêvent de voir Paris accueillir les Jeux un siècle après ceux de 1924, Bernard Lapasset, futur président du comité de candidature, a décliné ses quatre ambitions : “Innover, sourire, vibrer, gagner.” “On est déterminés pour gagner”, a-t-il assuré à l’AFP, suivi par son alter ego Tony Estanguet, vice-président de l’association Ambition Olympique, qui préfigure le comité de candidature. “Je ressens la même détermination que lorsque j’étais athlète. On sent qu’on a du potentiel”, a expliqué le triple champion olympique de canoë et membre du CIO, où il séduit par son assiduité.
La quatrième candidature parisienne en près de trente ans (après 1992, 2008 et 2012) débute en effet sous de bons auspices. “On a tiré les leçons des échecs passés et tenté de faire les choses avec méthode et dans un ordre cohérent”, a souligné M. Lapasset, chantre de la diplomatie sportive et patron d’une Fédération internationale de rugby chipée aux Anglo-Saxons. À la baguette depuis fin 2012, le président de World Rugby et ses collaborateurs ont d’abord convaincu les politiques et hommes d’affaires, trop présents par le passé, de leur laisser le devant de la scène.
Des Jeux “modestes”
Les partisans du dossier ont travaillé depuis début 2014 selon une méthode progressive, définissant dans une étude de faisabilité les grands traits de la candidature avant de s’assurer les soutiens politiques parfois les moins évidents, comme celui de la maire de Paris Anne Hidalgo, longtemps réticente. Interrogée sur ses hésitations, elle s’est justifiée mardi : “Souvent, ce sont les fondations qui font qu’après l’aventure peut aller à son terme. Là, les fondations sont très solides.”
Le projet actuel, bien sûr évolutif, tire les enseignements de l’agenda 2020, paquet de mesures exposé par le CIO en décembre 2014, pour présenter un projet modeste (moins de 6 milliards d’euros) qui réutilise nombre d’infrastructures existantes ou programmées, d’incontournables lieux parisiens et bénéficiera du réseau de transport du Grand Paris, déjà planifié. Paris se déclare donc en ayant arrêté nombre de choix essentiels, alors que ses concurrents annoncés sont bien moins avancés dans leurs plans, à plus de deux mois de la date limite du dépôt des candidatures auprès du CIO, le 15 septembre.
Les sites des installations à construire sont quasiment tous identifiés, à l’exception notable du village olympique pour lequel deux à trois zones sont encore en concurrence, essentiellement en Seine-Saint-Denis où pourrait également s’implanter la piscine. Et la désignation de la ville hôte des épreuves de voile ne saurait tarder, tout comme celle des stades retenus pour le tournoi de football.
Seul Mélenchon fait grise mine
Le slogan “Je veux les Jeux” devrait accompagner la campagne. Et son plan de financement (autour de 60 millions d’euros) est dans les tuyaux. Les deux années de campagne s’achèveront à Lima, à l’été 2017, avec la désignation de la ville-hôte. D’ici là, le défi majeur de Paris 2024 sera de convaincre, en France et au-delà des frontières.
En attendant, l’annonce de la candidature a suscité l’adhésion quasi unanime du monde politique. L’ex-Premier ministre François Fillon (Les Républicains) a jugé qu’une victoire de Paris serait “une excellente chose”, tout en demandant des coûts maîtrisés. Également favorable, le vice-président du Front national, Florian Philippot, a salué une “belle aventure nationale”. À l’inverse, l’eurodéputé Jean-Luc Mélenchon, cofondateur du Parti de gauche, s’est dit opposé aux JO à Paris, dénonçant “des dépenses considérables” et de “grands travaux inutiles”.