Une étude américaine publiée dans la revue Current Biology revient sur la découverte d’une population de “poissons-scie tident” en Floride. Pour palier le manque de mâles, les femelles se sont reproduites toutes seules.
Les “naissances virginales” ne semblent pas être le seul fait d’une intervention divine. Sept “poissons-scie tident” sont nés dans un estuaire de la Floride, mais n’ont pas de pères, révèle une étude américaine publiée lundi par la revue Current Biology. Les poissons-scie femelles se sont reproduites, sans l’intervention des mâles, de moins en moins nombreux.
A partir d’analyses ADN, les chercheurs ont établi que 3% des progénitures de poissons-scie dans cet estuaire sont le fruit d’un mode de reproduction inhabituel. “Ce que les analyses ADN nous ont révélé est très surprenant: les femelles poissons-scie se sont reproduites sans accouplement”, explique Andrew Fields, directeur de rechercheau Guardian.
Une espèce en voie de disparition
Une découverte qui laisse penser que les poissons-scie auraient eu recours au processus de parthénogenèse. Autrement dit, un mode de reproduction asexué où un ovule non-fécondé permet le développement d’un individu. Un mode de reproduction rare chez les vertébrés, car les progénitures finissent par mourir. Certaines espèces de reptiles et d’oiseaux y recourent parfois.
La raison? Victimes de la surpêche, les poissons-scie voient leur principale source d’alimentation s’amenuiser. On estime que la taille de la population des Etats-Unis se monte actuellement à moins de 5% de la population au temps de la colonisation européenne. En outre, la maturité sexuelle du poisson-scie n’est atteinte qu’à partir de dix ans. Résultat, l’espèce est inscrite sur la liste rouge des espèces en voie d’extinction par l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature). Ces naissances sans intervention d’un mâle interviennent alors comme un processus de survie.
Un animal très recherché par les trafiquants
Problème, sa rareté fait du poisson-scie un animal particulièrement recherché par les trafiquants d’animaux, et les prix montent en flèche. Le rostre, prolongement osseux de leur museau, peut atteindre 7000 dollars, selon le Réseau pour la Survie des espèces. Le prix d’un poisson-scie de grande taille peut atteindre 5000 dollars, soit plus de 4400 euros.