Alors qu’une forte mobilisation est attendue ce mercredi contre le projet de loi Travail, Nicolas Sarkozy dénonce “une ambiance de fin de règne” au sein de l’exécutif.
“La montagne accouchera d’une souris” prédisait Nicolas Sarkozy le 1er mars à propos de la loi Travail dans les colonnes du Parisien. Une jolie formule pour illustrer son scepticisme qu’il a réutilisé ce mercredi 9 mars dans un entretien au Monde.
“Dans le meilleur des cas, la montagne accouchera d’une souris car l’habituel exercice de synthèse de François Hollande l’aura emporté sur le courage. Dans le pire des cas, cela aboutira à un recul général”, estime le président du parti Les Républicains alors qu’une forte journée de mobilisation est attendue ce mercredi.
– Votera, votera pas ? –
Appelera-t-il les élus de son parti à voter le projet de loi qui divise ? Certains ont laissé entendre qu’ils pourraient le faire si la réforme n’étaient pas dénaturée. “J’aurais tellement aimé pouvoir vous répondre, mais encore eût-il fallu que je connaisse la réforme dans sa version finale”, élude-t-il, ajoutant que “le texte a déjà changé plusieurs fois avant même d’être adopté par le conseil des ministres.”
Pourquoi n’a-t-il pas réformé le code du travail quand il était au pouvoir? “La rupture conventionnelle a été une réforme majeure”, répond l’ancien président, faisant valoir également “un nombre considérable de réformes”. “Mais je ne prétendrai jamais avoir tout fait. Si je l’avais pensé, je n’aurais pas été candidat à ma propre succession” en 2012.
– Les projets pour 2017 –
Soulignant que “le PS est profondément divisé”, l’ancien chef de l’État estime qu’il y a une ambiance de fin de règne car M. Hollande a divisé sa propre majorité. Il paye les mensonges de sa campagne de 2012. Tous les gens qui s’apprêtent à descendre dans la rue sont ses électeurs déçus”. “Ce qui est sûr, c’est qu’il y a un divorce entre les Français et le pouvoir. Le plus préoccupant pour François Hollande, c’est que ce divorce concerne d’abord son électorat.”
“Ce qui lui arrive doit nous servir de leçon. De notre côté, il faudra tout dire avant pour tout faire après”, ajoute-t-il, dans la perspective de 2017.
Pas encore candidat déclaré à la primaire de droite, Nicolas Sarkozy aborde pour autant un plan d’économie pour la France à partir de 2017. Selon lui, la France doit supprimer 300.000 postes de fonctionnaires dans les cinq ans à venir. “Nous sommes l’un des pays d’Europe qui […] a le plus [de fonctionnaires], en proportion de sa population active, et le seul qui continue à augmenter leur nombre”, déclare-t-il. Le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux (“sauf dans les services de sécurité compte tenu de la menace terroriste”, précise-t-il) permettrait d’économiser près de 7 milliards d’euros sur le prochain quinquennat.
Nicolas Sarkozy se prononce également sur le dossier des réfugiés, qui empoisonne le relations européennes. Il plaide pour le rapprochement des coalitions occidentales et celle des Russes pour “régler le conflit syrien, cause du problème”. Il est également pour un accord avec la Turquie, “indispensable” selon lui, “mais pas à n’importe quelles conditions”. “L’accord qui est en train de se nouer entre l’Union européenne et la Turquie s’apparente à du chantage. Je soutiens l’effort potentiel de l’Europe pour financer les “hot spots” en Turquie, mais je suis totalement opposé à la suppression des visas pour les quelque 80 millions de Turcs qui circuleraient alors librement dans l’espace Schengen.”