Le « matraquage fiscal ». C’est une antienne que la droite n’a pas eu de mal à chanter durant tout le quinquennat de François Hollande, même si elle y avait elle-même contribué via ses plans de rigueur après la crise de 2008.
Et c’est un sujet sur lequel tous les candidats à la primaire se savent attendus. Pour afficher leur volonté de réformer, ils ont d’ailleurs tous, très tôt, mis sur le billot la tête d’un totem fiscal français : l’ISF (sauf Nathalie Kosciusko-Morizet qui veut le flécher obligatoirement sur l’investissement).
Sur la philosophie, les projets fiscaux vont dans le même sens – à l’exception de celui de Hervé Mariton avec son impôt universel (« flat tax »). Mais ils diffèrent sur les mesures concrètes : le recours ou pas à la TVA, la baisse généralisée ou pas de l’impôt sur le revenu, la baisse des charges sur les bas salaires ou sur tous les salaires (Bruno Le Maire), la suppression des cotisations famille (Alain Juppé) ou des cotisations salariales assurance-maladie (François Fillon). Les curseurs sont aussi placés plus ou moins haut. Chacun espère faire la différence sur ce sujet sensible et grand public.
Les entreprises choyées
Nicolas Sarkozy fait même de la « diminution massive des prélèvements obligatoires » le marqueur incontournable de « l’alternance ». Ainsi l’ex-président a-t-il promis dès janvier la baisse de 10 % de l’impôt sur le revenu (7 milliards), quand le discours à droite était davantage axé autour du redressement et de la nécessaire baisse des dépenses publiques. Jean-François Copé propose une baisse, un peu moindre, de 5 milliards de l’IR. « A la fin, il faudra faire les additions », avait lâché Alain Juppé, qui préfère, comme François Fillon, relever le plafond du quotient familial – une mesure cruciale pour l’électorat de droite.
Avec sa candidature officielle à la primaire, voici que Nicolas Sarkozy va plus loin, sur les successions ou sur la fiscalité de l’épargne , avançant un prélèvement forfaitaire libératoire au taux unique de 26 % pour les dividendes, intérêts… – ce taux comprenant aussi les prélèvements sociaux. Alain Juppé baisserait le taux autour de 20 %, mais hors prélèvements sociaux.
Les entreprises sont également choyées. Les allégements fiscaux et sociaux à leur attention représentent 17 milliards pour Nicolas Sarkozy, près de 21 milliards pour Alain Juppé. L’ex-président élude en revanche la question de la TVA – qui lui a coûté cher lors de son quinquennat. Question de « cohérence », a-t-il un jour lâché, alors qu’il veut insister sur la baisse des impôts. Le maire de Bordeaux prévoit une hausse de 1 point et François Fillon jusqu’à 3 points. Question de financement.