Sans avancer sa déclaration de candidature, le chef de l’Etat intensifie le nombre de ses déplacements et prises de parole.
Dans son discours de Wagram, le 8 septembre, il était déjà descendu dans l’arène pour envoyer des signaux de candidature et défendre son « idée de la France ». Dans son interview à la revue « Le Débat », publiée le 15 septembre, il s’était posé en porte-drapeau de « l’identité positive » et de « la France fraternelle ».
Mais cette fois, François Hollande a clairement décidé d’appuyer sur l’accélérateur. Comme l’avait révélé vendredi le site des « Echos », le chef de l’Etat ouvre une nouvelle phase de sa pré-campagne et intensifie le rythme de ses déplacements et prises de parole. « Une très très grosse accélération », souligne un de ses proches, célébrant « un président en action qui mouille la chemise et va à la rencontre des Français ». « Là, il est sur son cheval », dit un autre.
Après la visite samedi d’un centre d’accueil et d’orientation pour les demandeurs d’asile à Tours et un discours devant les sapeurs-pompiers, après avoir reconnu dimanche « les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis » (une promesse de campagne), le chef de l’Etat se rend ce lundi à Calais pour marquer sa différence avec l’opposition sur la question des migrants.
Suivront un déplacement à l’académie des sciences le mardi, une cérémonie – le lendemain – de réhabilitation des mineurs de 1948 (un combat de gauche porté par l’ex ministre de la Justice Christiane Taubira), une visite à Dammartin-en-Goële le jeudi pour la réouverture de l’imprimerie dans laquelle s’étaient retranchés les frères Kouachi, les auteurs de l’attentat contre « Charlie Hebdo », et un discours vendredi, à Clermont-Ferrand, au Congrès de l’union nationale des centres communaux et intercommunaux d’action sociale.
Pris en tenaille entre Mélenchon et Macron
Si l’on en croit son entourage, François Hollande aurait pris la décision d’accélérer pendant l’été, une fois achevée la longue séquence internationale de la rentrée. Il y a en tout cas urgence. Le président est en très grande difficulté dans les sondages, donné battu au premier tour dans tous les cas de figure dans le dernier sondage Elabe pour « Les Echos » et Radio classique.
Pris en tenaille entre Jean-Luc Mélenchon (qui est déjà candidat pour 2017) et Emmanuel Macron (qui menace de l’être), qui siphonnent à gauche une partie de son électorat de 2012. L’ancien ministre de l’Economie poursuit sa « marche » vers sa candidature. Samedi, à Lyon, il a prôné une refondation de l’Union européenne, qui « tourne à vide », appelant à engager un débat de six à mois dans tous les pays membres pour dégager une feuille de route qui pourrait être soumise à référendum. Quitte à ce que cela se solde par une UE à plusieurs vitesses.
« Trois caisses de cierges »
La situation est telle que des Hollandais conseillent au président d’accélérer son calendrier et de se présenter dès novembre Selon l’Elysée, il n’en est pourtant pas question. Le chef de l’Etat, assure-t-on, se prononcera sur sa candidature en décembre, comme prévu, après la primaire à droite. « La seule question qui se posera, c’est qui est capable de rassembler la gauche ? Et pour rassembler la gauche, il faut d’abord être de gauche », lâche un fidèle du président. Plus inquiet, un élu qui soutient le président se dit prêt à aller « à l’église » pour y brûler « trois caisses de cierges ».