Autriche: tout sépare les deux candidats à la présidentielle dimanche, un écologiste et son rival d’extrême droite.
Malgré leurs débats aimables, tout les sépare: les deux rivaux à la présidentielle autrichienne, l’écologiste et le candidat d’extrême droite, incarnent deux cultures politiques, deux générations, deux tempéraments qui polarisent la société autrichienne.
Des mois de campagne et rarement un mot plus haut que l’autre: l’écologiste Alexander Van der Bellen, 72 ans, universitaire à la retraite et son rival d’extrême droite Nobert Hofer, 45 ans, ex-ingénieur aéronautique, n’ont rien de jouteurs endiablés.
Mais “nous sommes tellement éloignés idéologiquement”, a observé M. Hofer lors d’un récent débat télévisé. “Nous incarnons deux concepts opposés”, a souligné son adversaire.
L’un d’eux sera élu président de la République à l’issue du scrutin qui se tient dimanche.
Nobert Hofer n’est plus l’inconnu sorti de l’ombre du FPÖ (parti de la liberté) et de son chef, Heinz-Christian Strache, qu’il fut au début de cette longue campage. Mais il se présente toujours en homme “neuf”, malgré plus de vingt années d’activités politiques.
“M. Hofer défend les positions de M. Strache, mais avec une patte de velours”, estime le quotidien Österreich et “engrange des voix grâce à son aspect sympathique”. Il avait perdu de peu le second tour de la présidentielle en mai, avant que le scrutin ne soit annulé sur recours de son parti.
Vice-président du parlement depuis 2013, ce “bleu” (la couleur de son parti) “aux bonnes manières”, selon le quotidien “Die Presse”, ne se départit jamais de son sourire et de sa canne, indispensable depuis qu’un accident de parapente l’a laissé handicapé en 2003.
Nobert Hofer ne se lasse pas de donner du “Herr Doktor Van der Bellen” à son rival, économiste qu’il aime faire passer pour arrogant et pontifiant.
L’air austère, parfois bourru de l’ancien professeur aux sourcils en accent circonflexe lui offre une cible idéale.
Ancien membre du parti social-démocrate, Alexander Van der Bellen a été pendant plus de dix ans le visage des Verts autrichiens, formation qu’il a dirigée jusqu’en 2008.
Durant cette période, les Verts sont devenus la quatrième force politique du pays, derrière le FPÖ.
- Plus de bleuet -
Alors que le candidat Van der Bellen n’a eu de cesse de mener une campagne au centre pour séduire l’électorat modéré, le FPÖ l’a présenté comme un “gauchiste en habits bourgeois”, soutenu par les “communistes”, le renvoyant aux positions de son ancien parti en matière d’immigration. Les Verts ont toujours défendu une société ouverte et multiculturelle qui fait figure d’épouvantail pour le FPÖ.
La question migratoire a été au centre de la campagne dans un pays de 8,5 millions d’habitants qui a enregistré 130.000 demandeurs d’asile depuis début 2015.
M. Van der Bellen se revendique lui-même “enfant de réfugiés”, fils d’un aristocrate russe et d’une mère estonienne ayant fui le stalinisme. Il a grandi aux confins de l’Autriche et de l’Italie, dans la province frontalière du Tyrol.
Né le 2 mars 1971, M. Hofer est fils d’un élu municipal conservateur du Burgenland, province frontalière de la Hongrie. Il y devient responsable régional du FPÖ dès 1996.
En 2005, le leader historique du parti, Jörg Haider, est contraint de créer sa propre formation car il est dépassé en interne par M. Strache, plus radical. M. Hofer choisit le camp de ce dernier.
Puis après des revers électoraux et sous l’impulsion de Norbert Hofer, en charge du programme du parti, le FPÖ polit son discours, bannissant les expressions ouvertement xénophobes.
Nobert Hofer a traité M. Van der Bellen de “fasciste vert”, avant de regretter ce -très rare- écart de langage. Il vient d’appeler les membre de son parti à renoncer au port du bleuet à la boutonnière, qu’il a lui-même arboré dans le passé. Il dit en avoir “assez” qu’on assimile cette fleur au signe de reconnaissance des admirateurs d’Hitler avant 1938, alors que ce symbole “existait avant” cette période
“Quand on parle de Norbert Hofer, on parle de quelqu’un fasciné par l’idéologie de la Grande Allemagne. On parle de quelqu’un qui a été sorti du chapeau par un chef de parti qui a frayé dans le milieu néonazi”, rappelle dans un éditorial Christian Rainer, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Profil.