Les principaux candidats à la primaire de la droite, qui défendent tous un programme libéral pour “redresser la France”, cherchent à se différencier à coups de piques et de formules pour sortir du lot le moment venu.
A six mois et demi de la primaire (20 et 27 novembre), les candidats – 11 à ce jour – ont quasiment tous décliné leurs propositions économiques. A peu de choses près, ce sont les mêmes, qu’elles émanent de François Fillon, Alain Juppé, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-François Copé… Même Nicolas Sarkozy, pas encore officiellement candidat, a décliné les siennes, sœurs presque jumelles des précédentes.
Mais à chacun sa façon de les présenter. Sarkozy parle d’un “contrat de redressement” pour la France, Copé du “sursaut français”, Fillon de “casser la baraque”, Le Maire de “rupture”…
Fidèle à son image de sage, Juppé reste, lui, sobre. Pas de petites phrases pour le favori des sondages à droite -son programme économique n’a rien de “rock and roll”, prévient-il- mais une posture de “libéral-réformateur” assumé. “Les Français attendent du sérieux”, assure l’ancien Premier ministre et agrégé de lettres.
“C’est en disant clairement avant les élections ce que l’on entend faire, que l’on acquiert la légitimité pour le mettre en œuvre”, affirme-t-il. Formule également déclinée par les autres candidats, Sarkozy ayant été le premier à dire qu’il voulait “tout dire avant pour tout faire après”. L’ancien président souhaite baisser les dépenses publiques de 100 milliards d’euros sur le quinquennat et propose un “contre-choc fiscal” avec baisse de 10% de l’impôt sur le revenu, “dès juillet 2017″.
Une proposition rejetée par l’ancien Premier ministre d’un Jacques Chirac élu en son temps sur la vaine promesse de “réduire la fracture sociale”. “Je me refuse à aligner les paquets de milliards de baisse d’impôts, qui, le moment venu, ne seraient pas financés”, assure le maire de Bordeaux.
– “Version dégradée” – Pour parvenir au “plein emploi”, un objectif qu’il juge “ambitieux” mais “atteignable”, M. Juppé veut sortir des 35 heures avec “référence du travail à 39 heures”, reculer l’âge de la retraite à 65 ans, réformer le droit du travail, plafonner les revenus d’assistance…
Ce programme, c’est le sien, mais “en version dégradée”, a cinglé vendredi M. Fillon.
L’ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy, à la peine dans les sondages, mise sur son programme économique, méticuleusement élaboré depuis des mois. Son objectif : “la transformation de notre modèle économique et social”. Ses recettes : une réduction de 110 milliards d’euros des dépenses publiques, la fin des 35 heures, les 39 heures dans la fonction publique, la dégressivité des allocations chômage, la retraite à 65 ans…
Un programme jugé trop libéral par Nicolas Sarkozy qui aime rappeler que le libéral Alain Madelin avait fait… “4%” à la présidentielle de 2002.
NKM, dont l’analyse sur la nouvelle donne numérique de l’économie est certainement la plus aboutie, veut réduire immédiatement les charges et les impôts de 100 milliards d’euros. Contrairement aux autres candidats, elle n’est pas favorable à la suppression de l’ISF, impôt certes “inefficace” mais qui a “une dimension symbolique”.
Sur la même ligne que les autres (mais en limitant la baisse des dépenses à 90 milliards, sinon, il faudrait renoncer à des investissements supplémentaires en matière de justice et de défense), Le Maire se distingue toutefois par sa proposition de supprimer un million de postes de fonctionnaires en dix ans.
Quant à Copé, premier à avoir déposé, samedi, les 20 parrainages de parlementaires obligatoires pour être candidat, il promet “la liberté économique à tous les étages” et de réformer par ordonnances.
“La surenchère à droite n’a plus de limite”, c’est “du sang et des larmes”, a critiqué mercredi dans un communiqué le PS, lui-même déchiré par la loi El-Khomri sur le travail, jugée trop libérale par son aile gauche.