Le problème de la surpopulation carcérale s’invite dans les tribunaux. Pour la première fois en France, quatre détenus de la maison d’arrêt de Nîmes assignent l’État en justice pour “pour mise en danger d’autrui”, révèle France Info.
À Nîmes, près de 400 détenus se partagent des cellules prévues pour seulement 190 personnes.
Face à leurs conditions de détention déplorables, ils ont décidé d’agir. Quatre hommes incarcérés à la prison de Nîmes ont assigné le préfet Didier Lauga en justice, en tant que représentant de l’État. Le fonctionnaire comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Nîmes, mardi 26 septembre, pour “pour mise en danger d’autrui”. Les détenus dénoncent leur quotidien “inhumain” à la maison d’arrêt. En raison du manque de place, trois à quatre détenus peuvent se partager une cellule de 9 mètres carrés. “Votre chien, vous ne le mettez pas à l’intérieur”, s’est insurgée l’avocate des plaignants, maître Khadija Aoudia, au micro de France Info.
DES CONDITIONS “INHUMAINES”
“Vous avez des jeunes particulièrement vulnérables qui ont été victimes de viols”, a expliqué l’avocate. “Vous avez des personnes qui sont atteintes de pathologies mentales et qui représentent un danger pour elles-mêmes et pour autrui, que j’ai dû visiter au sein de ce qu’on appelle les cachots. Inhumain !”, s’est-elle exclamée. L’action qu’elle mène est totalement inédite en France. Jamais un préfet n’a été cité à comparaître pour de tels actes. Mais la représentante des quatre détenus espère marquer les esprits. Pour elle, “seul l’État est responsable concrètement de cette infraction”, raison pour laquelle elle poursuit le préfet et non l’administration pénitentiaire.

Prison de Nîmes des détenus attaquent l’État en justice pour leurs conditions de vie
“RÉDUITS À L’ÉTAT D’ANIMAL”
“Quand on est incarcéré dans des conditions où on vous ôte votre dignité humaine et qu’on vous réduit à l’état d’animal, comment voulez-vous qu’à la sortie de la maison d’arrêt (…
nous n’ayons pas des fous furieux en puissance ?”, s’est insurgée l’avocate au micro de France Bleu. “Vous devez incarcérer des personnes, effectivement, qui ont commis des fautes par la privation de leur liberté, mais pas par la privation de leur dignité”, a-t-elle poursuivi. “Il n’y a pas de raison à ce que l’État, qui commet une infraction extrêmement grave, ne soit pas tenu responsable.” Damien Pellen, secrétaire du syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP-CFDT), considère lui aussi qu'”il faut mettre l’État devant ses responsabilités”.