La Poste, Engie, Valeo et Dassault Systèmes sont venus en force au Consumer Electronics Show. Une façon de nourrir leur réflexion sur l’impact du numérique sur leur modèle économique.
Dans les allées du Consumer Electronics Show (CES), le grand salon mondial de la high-tech, qui se tient jusqu’à samedi à Las Vegas, on ne compte plus les stands arborant un coq rouge, le sigle de la French Tech. La plupart du temps, ce sont des start-up. Mais, bien que plus discrète, la « vieille économie » y est présente aussi. Plusieurs grands groupes hexagonaux y tiennent un stand: La Poste pour la deuxième année de suite, Valeo, Engie ou Dassault Systèmes.
Peu commune, la démarche de ces grands groupes industriels, dont les modèles sont bouleversés par la révolution numérique, mérite d’être soulignée. Loin de se sentir à part dans un monde dominé par les jeunes pousses, ils veulent au contraire démontrer qu’ils sont des acteurs à part entière de la nouvelle économie. « On veut faire émerger un écosystème qui fait fonctionner les start-up entre elles », affirme Muriel Barnéoud, présidente de Docapost, la filiale numérique de La Poste qui a lancé, il y a un an, ici même, une plate-forme universelle pilotant tous les objets connectés de la maison.
La Poste à l’avant-garde
Qui l’eut cru ? La Poste est le grand groupe français qui s’est distingué à Las Vegas, où, cette année, il est revenu en force avec un stand quatre fois plus grand (230 m2) que l’an passé, au sein duquel il embarque quinze start-up, ainsi que des partenaires industriels : Les Opticiens Atol, BNP Paribas Real Estate, Legrand et Malakoff Médéric. « Ce que l’on a voulu montrer cette année, c’est comment on passe de l’Internet des objets à l’Internet des services », explique David de Amorin, directeur de l’innovation. Illustration avec le « domino », ce bouton connecté (en test) que l’on fixe sur sa boîte aux lettres et qui envoie, une fois activé, un signal au facteur pour qu’il vienne y récupérer un objet qu’il va se charger lui-même d’emballer et d’affranchir. Bientôt, on n’aura donc plus besoin d’aller au bureau de poste…
Plus de 100 start-up sont désormais connectées au hub de La Poste. Comme Malakoff Médéric, qui développe une application lançant des alertes après activation d’un objet connecté, en vue de lancer un service de coaching centré sur la qualité de l’air, pour ses assurés. « Au CES, on vient chercher des partenariats avec des start-up pour trouver les bonnes solutions au bon moment pour nos futurs services », note Kevin Cardona, directeur de l’innovation pour la ligne de métier Promotion de BNP Paribas Real Estate.
« Démos » et nouveaux produits
Car tous ces acteurs de la « vieille économie » savent bien que, pour assurer leur avenir, il leur faut trouver le graal numérique. Avec les start-up, c’est donnant-donnant : celles-ci les aident à nourrir leur réflexion sur les modèles économiques de demain. Les grands groupes, eux, les financent pour accélérer leur développement. « C’est important de créer un lieu de rencontre pour l’écosystème des entreprises high-tech avec qui on travaille. Cela permet d’accélérer des projets, de démarrer de nouvelles relations », affirme Olivier Ribet, vice-président chargé de l’industrie high-tech de Dassault Systèmes, qui avait un stand au CES pour la première fois. 150 clients avaient prévu de passer voir le groupe. Ici, pas de nouveaux produits, mais des « démos » des logiciels de Dassault Systèmes via Vive, le casque de réalité virtuelle de HTC.
D’autres se sont faits plus discrets. Pour la première fois, L’Oréal a choisi de présenter un produit au CES. Mais, il s’est contenté d’une suite de l’hôtel Venetian pour montrer son patch connecté à appliquer sur la peau afin de mesurer son degré d’exposition aux rayons ultraviolets. Conçu dans son incubateur californien (le CBI) avec la société MC10, il donne des conseils à son utilisateur sur son smartphone.
Alors que beaucoup de grands groupes industriels se bornaient à envoyer des équipes au CES pour prendre le pouls de la nouvelle économie, ces quelques groupes ont, eux, franchi un pas supplémentaire en affirmant leur présence au salon. Et il y a fort à parier qu’ils soient suivis par d’autres dans les années à venir.