Alors qu’Emmanuel Macron a assuré vouloir un gouvernement irréprochable en mai dernier, Edouard Philippe s’est chargé mardi du premier rappel à l’ordre à l’encontre du garde des Sceaux. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir ce dernier.
Le Premier ministre a rappelé mardi 13 juin à François Bayrou son devoir d'”exemplarité” sur franceinfo, le garde des Sceaux étant accusé de “pression” sur Radio France après son coup de téléphone mercredi dernier pour se plaindre d’une enquête sur des soupçons d’emplois fictifs au MoDem, diffusée vendredi 9 juin.
Edouard Philippe a par ailleurs souligné que “quand on est ministre, on ne peut plus réagir comme quand on est un simple citoyen”, faisant écho à la défense de son ministre de la Justice, qui avait assuré à Mediapart qu’il avait contacté le chef de la cellule investigation de Radio France en tant que “citoyen” à propos des appels passés par les journalistes à des collaboratrices du parti.
“QUAND ON EST MINISTRE, ON N’EST PLUS SIMPLEMENT UN HOMME ANIMÉ PAR SES PASSIONS”
“Je comprends parfaitement que l’homme François Bayrou ait été agacé peut-être (…
par la façon dont les questions étaient posées, avec beaucoup de pression probablement, sur des gens qui ne s’y attendaient pas”, a affirmé le chef du gouvernement, avant d’ajouter: “Il se trouve que, quand on est ministre, on n’est plus simplement un homme animé par ses passions ou sa mauvaise humeur, ou par son indignation”.
“J’ai indiqué à l’ensemble de mes ministres qu’il fallait systématiquement penser à cette question de l’exemplarité, pas seulement au titre des fonctions qu’on occupe, mais parce que justement lorsque vous êtes ministre, vos actes, vos propos, votre façon de réagir, parfaitement humaine, n’est jamais interprétée (…
comme simplement humaine, mais toujours dans le cadre de ces fonctions”, a insisté Edouard Philippe.
Selon le Premier ministre, le président du MoDem “a parfaitement conscience de ça”.
FRANÇOIS BAYROU REVENDIQUE LA “LIBERTÉ DE CRITIQUE DE LA PRESSE”
Interrogé ce matin sur CNEWS, François Bayrou s’est dit être “un défenseur de la liberté de la presse”, mais aussi de “la liberté de critique de la presse”. Il a par ailleurs de nouveau revendiqué son statut de citoyen : “Aucune enquête n’est embarrassante pour nous (…
, mais lorsqu’il y a des pratiques qui sortent de ce que je considère être le respect des individus, j’ai le droit de le dire parce qu’en devenant garde des Sceaux, je ne suis pas devenu le muet du sérail. Je n’ai pas perdu mes émotions, je n’ai pas perdu mes enthousiasmes, je n’ai pas perdu mes indignations.”
“Chaque fois qu’il y aura quelque chose à dire à des Français, des responsables, qu’ils soient politiques, qu’ils soient journalistiques, qu’ils soient médiatiques, chaque fois qu’il y aura quelque chose à dire, je le dirai”, a-t-il insisté par la suite devant la presse.