La Russie prévoit d’entrer en récession en 2015, subissant de plein fouet les sanctions économiques décrétées par les Occidentaux et la chute des cours du pétrole qui plombent son économie, stimulent l’inflation et font s’effondrer le rouble, sans espoir pour les Russes d’une amélioration à l’horizon.
Après des années de croissance sous la présidence de Vladimir Poutine, crise de 2008 mise à part, la Russie voit se profiler un bien sombre avenir économique malgré les déclarations rassurantes du Kremlin.
Au lendemain d’une journée qui a vu le rouble dévisser complètement face au dollar et à l’euro, consacrant un effondrement en marche depuis le début de l’année, le ministère russe du Développement économique a dévoilé ses prévisions pour l’année 2015: tous les indicateurs sont en baisse.
Alors que le gouvernement tablait sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1,2%, c’est l’ombre de la récession qui se profile avec une croissance négative de 0,8% selon les dernières prévisions.
Pour l’année 2014, le ministère espère atteindre 0,6%, contre 0,5% précédemment prévue, avec une croissance au dernier trimestre qui devrait, selon le vice-ministre de l’Economie, Alexeï Vedev, soit “être nulle, soit en petite baisse”.
– Le rouble sur des montagnes russes –
A l’annonce de ces indicateurs économiques, le marché des changes a immédiatement réagi, faisant perdre au rouble 89 kopecks face au dollar, et 85 kopecks face à l’euro, en une dizaine de minutes.
A 11H40 GMT, l’euro s’affichait à 65,27 roubles et le billet vert à 52,45 roubles, mais la monnaie russe restait en deçà de ses niveaux records de faiblesse de lundi, lorsqu’elle a atteint 66,50 roubles pour un euro et 53,29 pour un dollar.
L’indice RTS libellé en dollars chutait de 0,88% à la même heure, à la Bourse de Moscou.
Au total, depuis le début de l’année, le rouble s’est effondré de plus de 40% face à l’euro et de plus de 60% face au dollar.
Son plongeon s’est accéléré depuis la décision de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep) de maintenir leur niveau de production de pétrole, malgré une offre surabondante.
Cette décision a mené à une chute des prix du pétrole, qui ont atteint lundi leur niveau le plus bas en cinq ans, affectant le rouble puisque les recettes budgétaires de la Russie dépendent pour moitié de ses revenus pétroliers.
Afin de réduire l’offre sur le marché, et donc espérer une hausse du prix du pétrole, le ministère russe a annoncé vouloir réduire de 5 millions de tonnes ses exportations pétrolières.
– Massive fuite des capitaux –
Pour autant, la crise économique que connaît la Russie ne peut être réduite au simple facteur pétrolier, a souligné Alexeï Vedev.
“L’économie russe est exposée à trois types de crise, ou d’éléments d’instabilité: structurels, spéculatifs ou géopolitiques. En conséquent, il est réducteur de penser que la croissance de l’économie russe se contracte seulement à cause des prix du pétrole”, a-t-il estimé.
L’économie russe fait en effet face à d’autres défis, comme notamment l’impact des sanctions décidées par l’Union européenne et les Etats-Unis contre Moscou, qu’ils accusent de soutenir l’est séparatiste de l’Ukraine.
Ces sanctions, qui touchent la Russie dans son coeur financier, “devraient se maintenir au cours de l’année 2015″, pesant sur la croissance, a noté M. Vedev.
“Cela signifie que la majorité des banques et entreprises russes ne pourront plus accéder aux capitaux des marchés mondiaux”, explique le ministère de l’Economie dans son rapport.
Elles sont l’une des causes de la fuite massive des capitaux qui devrait atteindre au total 125 milliards de dollars en 2014, puis se réduire à 90 milliards de dollars l’année suivante, selon le ministère.
La population russe doit aussi composer avec une forte inflation qui devrait atteindre 9% en 2014, voire 10% au premier semestre 2015.
Les biens importés connaissent la plus forte inflation, comme les produits du groupe américain Apple qui ont augmenté la semaine dernière d’un coup (jusqu’à 25%). Et selon les médias russes, les billets d’avion devraient augmenter de plus de 12%.