Il avait 26 ans et marchait sur un trottoir. Le 2 décembre dernier, à San Francisco, Mario Woods a été abattu par des tirs simultanés de plusieurs policiers.
La scène, filmée par des passants dans la rue à l’aide de leur smartphone, laisse penser à un véritable peloton d’exécution. Recroquevillé sur lui-même, la tête rentrée dans un bonnet et le corps las appuyé contre un mur, Mario Woods a été tué par six policiers en faction sous les hurlements de la foule : « Oh my god ! Are you fucking serious ? » entend-on.
Les vidéos ont suscité un véritable tollé dans toute l’Amérique. Le maire de San Francisco lui-même a jugé les images « très perturbantes ». La police s’est évidemment justifiée, affirmant que Mario Woods était soupçonné d’avoir commis une agression à l’arme blanche quelques heures plus tôt. Il était donc particulièrement dangereux, selon elle. La police dit aussi avoir fait feu après de nombreuses sommations et après lui avoir demandé de poser son couteau à terre. Elle aurait également utilisé, en vain, un spray au poivre.
Un peloton d’exécution
Les résultats de l’autopsie sont tombés jeudi et confirment la thèse d’une bavure policière. Les scientifiques ont trouvé la trace de plus de vingt blessures par balle dans la tête, le dos et dans d’autres parties du corps de la victime. De quoi contredire sérieusement la légitime défense invoquée par les policiers. Mario Woods était un marginal : des résidus de métamphétamine, de THC et d’antidépresseurs ont en outre été détectés dans son sang. Trois enquêtes ont été ouvertes pour éclaircir les conditions du drame. Le meurtre intervient dans un contexte de fortes tensions raciales entre la police et la population afro-américaine.
Le week-end dernier, lors du Super Bowl, les danseuses de la star Beyoncé ont exhibé une pancarte devant les caméras de télévision réclamant « la justice pour Mario Woods ».