Une semaine après avoir vu son siège national vandalisé lors d’une manifestation sauvage en marge de la mobilisation contre la loi Travail à Paris, la CFDT a été à nouveau la cible d’attaques. Dans la nuit de mercredi à jeudi 30 juin, le siège bordelais du syndicat a été endommagé par un feu de poubelle d’origine criminelle éteint par les pompiers.
Monique Lefèvre, secrétaire générale de l’Union départementale CFDT de Gironde, a indiqué à l’AFP qu’il y avait eu “un incendie volontaire, un incendie criminel devant deux portes de l’Union départementale”. Selon cette responsable, il s’agit d’un “incendie de poubelles avec du papier” qui a atteint “deux bureaux (… qui sont maintenant hors d’état de fonctionner”. Elle s’est déclarée “révoltée” parce que “là, ça atteint l’État de droit, ça atteint la République”. “Je pense que tous les syndicats doivent se sentir concernés”, a-t-elle ajouté.
La préfecture a précisé par la suite qu’un “feu de poubelle vers 2h du matin avait endommagé la porte du local et, comme il y a infraction, une enquête a été ouverte par la police judiciaire”.
UNE ATTAQUE EN LIEN AVEC LE CONFLIT LOI TRAVAIL ?
L’incendie n’a pas été revendiqué, mais un tag “INCENDIE PART 1″ “laisse peu de doutes sur l’origine de l’incendie”, a affirmé la CFDT Aquitaine sur Twitter, photo à l’appui. Au niveau national, cette attaque contre le syndicat intervient en effet dans un climat de fortes tensions, liées au mouvement social contre le projet de loi Travail du gouvernement, en discussion au Parlement.
“Après l’attaque des locaux de la confédération CFDT à Paris et les dégradations de 13 locaux CFDT sur tout le territoire, ce sont les locaux de la CFDT Gironde qui ont été incendiés”, écrit dans un communiqué le syndicat. Pour la CFDT, “un pas supplémentaire a été franchi” dans “l’escalade de la violence” dont sont la cible depuis plusieurs semaines “les militants, salariés et locaux de l’organisation”. Elle se dit “très inquiète” mais “ne se laissera pas intimider et continuera de défendre l’intérêt des salariés et d’œuvrer pour le progrès social”. L’Union régionale CFDT “porte plainte” après l’incendie à Bordeaux qui a provoqué des “dégâts matériels considérables”, précise-t-elle, ajoutant que les militants “sont extrêmement choqués”.
En l’absence de revendication, l’enquête devra déterminer si cet acte criminel est lié au conflit national sur le projet de loi Travail que soutient le syndicat réformiste ou bien à la grève des éboueurs et agents de propreté en cours dans l’agglomération bordelaise depuis le 20 juin.
LE GOUVERNEMENT DÉNONCE LES “INSUPPORTABLES ATTAQUES”
Sur son compte Twitter, le Premier ministre, Manuel Valls, a évoqué un “engin incendiaire contre le siège de la CFDT à Bordeaux” et dénoncé les “insupportables attaques contre les acteurs du dialogue social et de la démocratie”.
La ministre du Travail, Myriam El Khomri, “condamne une nouvelle fois ces attaques inacceptables”, sur son compte Twitter, et exprime “tout (son) soutien aux militants” de la CFDT.
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a de son côté fait part via un communiqué de “son indignation”, considérant que “ces actes constituent une atteinte inacceptable à la démocratie sociale”. Il précise également que “la police judiciaire est saisie de l’enquête. Tout est entrepris pour établir les responsabilités, interpeller les auteurs et les mettre à la disposition de la Justice”.