Le maire de New York Bill de Blasio a été sifflé, conspué et maigrement applaudi lundi lors de la prestation de serment de nouveaux policiers, témoignant de la tension persistante entre lui et sa police après l’assassinat de deux agents.
Samedi, des centaines de policiers lui avaient déjà tourné le dos lorsqu’il avait pris la parole aux obsèques de Rafael Ramos, l’un des deux policiers assassinés le 20 décembre dans leur voiture à Brooklyn.
Lundi, certains l’ont encore accueilli avec des sifflets et quelques hommes dans l’assistance, parmi les milliers de personnes présentes, lui ont tourné le dos, quand il a pris la parole après la prestation de serment de 884 nouveaux policiers au Madison Square Garden.
Quand il a souligné que ces jeunes recrues allaient être confrontées à des problèmes “que vous n’avez pas créés”, quelqu’un a crié: “Vous les avez créés”.
M. de Blasio, visiblement tendu, a fait l’éloge de “la meilleure police du monde”, et salué le “choix héroïque” et la “force intérieure” des nouvelles recrues, nées dans 51 pays et parlant 59 langues en plus de l’anglais, ont souligné ses services.
Mais les applaudissements ont été maigres comparés à ceux destinés au chef de la police Bill Bratton qui, comme il l’avait déjà fait dimanche, a continué à défendre son patron en saluant sa “passion” pour sa police, en des temps “très difficiles”.
L’entourage de M. de Blasio a souligné dans un courriel que ses prédécesseurs avaient aussi été sifflés lors de cérémonies similaires.
Et comme il le fait depuis une semaine, M. de Blasio n’a répondu à aucune question de la presse.
– Obsèques ce week-end –
Les obsèques du deuxième policier assassiné par un déséquilibré noir de 28 ans affirmant vouloir venger la mort de Mike Brown et Eric Garner, deux Noirs tués cet été par la police, auront lieu ce week-end.
La veillée de prière pour Wenjian Liu, 32 ans, qui était marié depuis deux mois, aura lieu samedi après-midi à Brooklyn, et son enterrement est prévu dimanche. Une partie de sa famille doit venir de Chine.
L’assassinat des deux policiers, tués par balles dans leur voiture, sans qu’ils aient eu le temps de voir leur agresseur, Ismaaiyl Brinsley, qui s’est ensuite suicidé, a profondément choqué les New-Yorkais, dans une ville où la criminalité est au plus bas depuis 21 ans. Et il a fait éclater au grand jour les tensions entre la police et M. de Blasio.
Démocrate résolument à gauche, il a été accusé par certains policiers de ne pas assez les soutenir et d’être trop bienveillant envers les manifestants qui ont défilé à plusieurs reprises à New York après la mort d’Eric Garner à New York et Mike Brown à Ferguson.
Certains policiers ne lui ont pas pardonné d’avoir déclaré début décembre qu’il avait expliqué à son fils Dante, adolescent métis, qu’il devait faire très attention dans ses interactions avec la police.
Le dirigeant d’une des principales associations de policiers à New York l’a même accusé d’avoir du sang sur les mains après la mort des policiers.
Dimanche, l’ancien maire républicain de New York, Rudolph Giuliani a affirmé que M. de Blasio devait “présenter des excuses à la police de New York”.
Bill Bratton est l’un des rares à être monté au créneau pour le défendre, dans un délicat exercice d’équilibriste.
Lors des émissions politiques dominicales, M. Bratton a ainsi estimé “très déplacé” que les policiers aient tourné le dos lorsque le maire a pris la parole lors des obsèques de Rafael Ramos samedi. Plus de 20.000 policiers venus de tout le pays y assistaient.
M. Bratton, dans la police depuis 44 ans, nommé par M. de Blasio il y a un an, a admis que le moral des 35.000 policiers new-yorkais était “bas”, et estimé que les divisions avec le maire allaient encore durer un moment.
“Mais nous allons faire un effort, nous asseoir avec les représentants des syndicats et discuter de leurs problèmes”, a-t-il dit sur NBC, affirmant que les tensions actuelles dépassaient “largement celles des relations raciales dans cette ville. Elles englobent des contrats de travail, elles englobent une histoire (…
très différente de ce qui se passe dans l’ensemble du pays”.