Dans la nuit de dimanche à lundi, notre satellite va passer quelques heures dans l’ombre de la Terre et se parer d’une belle teinte cramoisie, au moment crucial où il sera le plus proche de la Terre.
Qu’est-ce qui est rond et rouge avec une cape ? C’est pas super-tomate, c’est super-Lune en pleine éclipse ! Dans la nuit de dimanche à lundi, notre satellite naturel va passer quelques heures dans l’ombre de la Terre et se parer d’une belle teinte cramoisie, au moment crucial où il sera tout proche de la Terre. Sachant qu’un tel phénomène ne se représentera pas avant l’an 2033, c’est le moment ou jamais de régler son réveil à 3 heures du mat’, tirer un trait sur la moitié de sa nuit et assumer la dégaine de zombie qu’on se traînera lundi au travail.
une super-Lune pour des supers photos

Comme l’orbite lunaire n’est pas circulaire mais légèrement elliptique, la distance de la Terre à la Lune varie entre 356 000 kilomètres (le «périgée») et 407 000 kilomètres (l’«apogée») environ. Plus elle s’approche de nous, et plus elle paraît grosse, quoique la différence reste bien entendu subtile à l’œil nu. Et quand son gros diamètre coïncide avec la pleine Lune, se profile une nuit particulièrement propice à l’observation. L’événement a été nommé «super-Lune» en 1979 par l’astrologue Richard Nolle. C’est ce qui va se passer dans la nuit de dimanche à lundi : à 356 896 kilomètres de nous, la Lune n’aura pas été aussi proche depuis 2014, et en plus, elle sera pleine.
Les possesseurs de bons appareils photo peuvent commencer à charger leurs batteries : il ne sera pas difficile d’immortaliser l’événement avec un trépied. Dans son numéro de septembre/octobre, le magazine Ciel et Espace conseille aux apprentis astrophotographes une sensibilité de 400 à 800 iso, et un temps de pose de quelques secondes.
Une ombre rouge sang

Mais c’est à 2h11 du matin, heure française, que les choses sérieuses vont commencer : la Lune va passer dans l’ombre de la Terre et se priver progressivement de la lumière du Soleil, jusqu’à l’éclipse totale où les trois astres seront parfaitement alignés. On s’attendrait alors à ce que la Lune devienne noire… mais c’est une cape orange sombre qu’elle va revêtir. D’où viennent les quelques rayons de lumières qui l’éclairent alors ? Toujours du Soleil, mais déviés par la gravité de la Terre et filtrés à travers son atmosphère. Sa couleur lors d’une éclipse totale lui vaut parfois le nom de «lune sanglante», Blood Moon en anglais.
L’événement se déroule en plusieurs étapes – d’abord, la Lune entre dans la zone de «pénombre» où elle ne perd qu’un peu de luminosité. On ne remarquera pas grand-chose à l’œil nu. Ensuite, à partir de 3h07, elle passera dans l’ombre complète et il deviendra évident que l’un de ses bords s’assombrit. Prévoir une chaise, un manteau et des biscuits, car le retour sous la couette n’est pas pour tout de suite : l’éclipse atteint son maximum à 4h11. Plus aucun rayon de Soleil ne vient alors frapper la Lune sans rougir d’abord dans l’atmosphère terrestre. La Lune continuera de s’assombrir jusqu’à 4h51, sa couleur variant légèrement au fil du temps, et fera le chemin inverse jusqu’au retour des rayons de soleil directs à 5h23. La sortie de l’ombre se fera à 6h27, la sortie de la pénombre à 7h22, et le petit-déjeuner à 7h45.
Cette animation de Tomruen (Wikimedia Commons, CC BY SA) donne une idée très claire de ce qu’on aura à se mettre sous les yeux sur lesquatre continents qui profiteront du spectacle : l’Amérique du Sud, l’Europe, ainsi qu’une grande partie de l’Afrique et de l’Amérique du Nord. Les observateurs les plus motivés pourront même prendre la voiture en pleine nuit ou planter leur tente dans l’un des sites d’observations réservés par les astronomes amateurs, un peu partout en France, pour observer la Lune en bonne compagnie.