La Turquie se dit prête à participer à une intervention militaire terrestre en Syrie pour mettre un terme à la guerre civile en cours, mais uniquement aux côtés de ses alliés.
“Nous voulons une opération terrestre avec nos alliés internationaux. (…
Sans opération au sol, il est impossible d’arrêter les combats en Syrie”, a déclaré à la presse a indiqué mardi un haut responsable turc qui s’exprimait sous couvert de l’anonymat. Il a toutefois confirmé qu’il n’était pas question pour la Turquie de se lancer seule dans une telle intervention. “Il n’y aura pas d’opération militaire unilatérale de la Turquie en Syrie”, a-t-il souligné.
Samedi, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu avait déclaré que la Turquie et l’Arabie saoudite pourraient mener une intervention terrestre contre le groupe Etat islamique (EI) en territoire syrien. La Turquie et l’Arabie saoudite font partie de la coalition internationale antijihadiste dirigée par les Etats-Unis qui mène des frappes aériennes contre l’EI en Syrie et en Irak.
Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, s’était montré lui très critique lundi quant à l’action militaire menée par la Russie en Syrie. “La Russie et l’organisation de l’Etat islamique en Syrie sont coupables de nombreux crimes contre l’humanité. Et cette question doit être examinée dans le cadre du droit international”, avait-il déclaré.
“La vraie intention de la Russie (en Syrie, ndlr) est de tuer le plus grand nombre de civils, de soutenir le régime syrien et de poursuivre la guerre”, a encore accusé Ahmet Davutoglu alors que l’aviation russe soutient depuis début février l’offensive du régime de Bachar al-Assad contre le bastion rebelle de Alep (nord), deuxième ville de Syrie.
Ces frappes ont entraîné la fuite de dizaines de milliers de personnes que la Turquie a installées dans des camps en Syrie de l’autre côté de la frontière turco-syrienne.
Mais la Turquie est elle aussi visée par des critiques, de la France notamment, sur son offensive contre les Kurdes en Syrie. Depuis samedi, l’artillerie turque bombarde en effet à un rythme quotidien des positions tenues par les combattants kurdes en Syrie.
Les forces du Parti de l’union démocratique (PYD) et ses milices des Unités de protection du peuple (YPG) ont profité ces derniers jours de l’offensive lancée par l’armée du régime de Damas, soutenue par l’aviation russe, autour d’Alep pour prendre le contrôle de plusieurs secteurs auparavant tenus par les rebelles syriens.
La Turquie considère les YPG et le PYD comme des “organisations terroristes”, intimement liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène depuis 1984 une guérilla meurtrière sur son territoire. La Turquie redoute que les Kurdes des YPG, qui contrôlent déjà une grande partie du nord de la Syrie, n’étendent leur influence à la quasi-totalité de la zone frontalière avec la Turquie et y déclarent l’autonomie.