Le gouvernement ukrainien a annoncé mercredi l’arrêt des financements publics destinés aux régions séparatistes de l’est de l’Ukraine, où le fragile cessez-le-feu ne tient plus qu’à un fil, Kiev se préparant à une éventuelle offensive des rebelles prorusses.
Le Premier ministre Arseni Iatseniouk a déclaré en conseil des ministres que Kiev, confronté à une grave crise économique et dont les caisses sont vides, ne financerait plus ce territoire où les combats avec les rebelles prorusses ont fait plus de 4.000 morts depuis le début du conflit en avril.
“Dès que les terroristes russes se seront tirés de Donetsk et de Lougansk et que nous reprendrons le contrôle de ces territoires, nous verserons à chaque habitant les allocations sociales auxquelles il a droit”, a-t-il promis.
Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir militairement les séparatistes et d’avoir déployé ses troupes régulières en Ukraine.
En revanche, Kiev ne coupera pas l’eau et le gaz des régions séparatistes pour éviter une “catastrophe humanitaire”, a ajouté M. Iatseniouk, revenant sur la menace brandie auparavant par Kiev.
– Marioupol, objectif des rebelles –
Ses déclarations s’inscrivent dans le durcissement de la politique de Kiev annoncée la veille par le président Petro Porochenko après la tenue des élections séparatistes reconnues uniquement par la Russie et qui ont, selon Kiev et les Occidentaux, porté un grave coup au processus de paix.
Si le pouvoir central reste attaché au plan de paix, il mettra en place une série de mesures pour se défendre et isoler les territoires aux mains des insurgés, a déclaré M. Porochenko.
Alors que beaucoup à Kiev craignent une nouvelle offensive des séparatistes, les rebelles ayant ouvertement désigné le port de Marioupol, au bord de la mer d’Azov, comme leur prochain objectif, le président Porochenko a assuré que l’armée était préparée à riposter.
“Plusieurs nouvelles unités et groupes ont été formés, ce qui permettra dès maintenant de contrer une éventuelle offensive”, a-t-il dit.
Kiev va aussi supprimer la loi sur le “statut spécial” de la zone sous contrôle rebelle qui leur promettait une large autonomie et autorisait notamment la formation de “milices populaires”.
Après avoir dans un premier temps minimisé l’importance de cette mesure, les séparatistes ont fini par hausser le ton mercredi, accusant Kiev de “porter un préjudice grave” aux processus de paix, dans une déclaration conjointe des autorités autoproclamées de Donetsk et Lougansk.
A Donetsk, principal fief rebelle, une rencontre entre des représentants ukrainiens, rebelles, russes et de l’OSCE a eu lieu mercredi pour tenter de sauver le fragile cessez-le-feu, dont l’instauration il y a deux mois n’a permis qu’une baisse d’intensité des combats, alors que le bilan des morts parmi les militaires et les civils continue de s’alourdir presque quotidiennement.
Le chef adjoint de la mission d’observation de l’OSCE en Ukraine Alexander Hug a exprimé un prudent “optimisme” après cette rencontre sans toutefois pouvoir faire état de progrès concrets en matière de la paix.
Sur le terrain, la situation demeurait tendue avec deux militaires et un civil tués et 13 personnes été blessées en 24 heures, selon Kiev.
Dans la matinée, des tirs d’artillerie et de lance-roquettes multiple Grad étaient entendus dans la zone de l’aéroport de Donetsk, épicentre de violents combats depuis plusieurs mois, selon des journalistes de l’AFP.
Une colonne de fumée noire s’élevait par ailleurs à proximité du village de Piski, contrôlé par les forces ukrainiennes et situé tout près de l’aéroport.
“L’intensité des tirs” sur les positions ukrainiennes a augmenté, a déclaré un porte-parole militaire ukrainien Andri Lyssenko, accusant la Russie de continuer à fournir “des quantités importantes” d’hommes et d’équipements militaires aux rebelles.
L’Otan avait pour sa part évoqué mardi la présence de “forces spéciales russes” en Ukraine. “La Russie continue de soutenir” les rebelles en “les entraînant, en fournissant des équipement et en ayant des forces spéciales à l’intérieur de l’Ukraine”, a affirmé le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg.