Les Occidentaux tentent de voler au secours du cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, Washington dépêchant à Kiev un de ses plus hauts diplomates, tandis que Paris et Berlin offrent de déployer des drones afin de surveiller la ligne de front.
Alors qu’au moins 80 militaires et civils ukrainiens ont péri dans les combats en un mois de “trêve” théorique, des tirs à l’arme lourde retentissaient encore lundi à proximité de l’aéroport de Donetsk, le principal abcès de fixation de la guerre contre les rebelles prorusses, ont rapporté des journalistes de l’AFP.
Trois panaches de fumée s’élevaient de la zone de l’aéroport, une enclave difficilement contrôlée par l’armée ukrainienne dans la principale ville aux mains des rebelles.
Le porte-parole de l’armée ukrainienne, Andriï Lyssenko, a indiqué en milieu de journée qu’un soldat de Kiev avait été tué et 13 autres blessés au cours des dernières 24 heures. Une nouvelle tentative de s’emparer de l’aéroport a été repoussée pendant la nuit, a-t-il rapporté.
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), chargée d’observer le cessez-le-feu, a annoncé que deux premiers drones, des Camcopter S-100 du constructeur autrichien Schiebel, étaient arrivés lundi en Ukraine. Ces avions sans pilote devraient aider l’organisation à repérer plus facilement les auteurs de violations de la trêve.
L’OSCE attend au total quatre drones qui pourront survoler la frontière russo-ukrainienne ainsi que les zones de combat, alors que Kiev comme les Occidentaux accusent la Russie de porter secours aux séparatistes en envoyant des troupes et des armes sur le terrain.
Outre les drones de l’OSCE, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé dimanche que la France et l’Allemagne allaient envoyer sur place des avions sans pilote.
“Les Allemands et les Français sont en train de parler avec l’OSCE pour veiller à ce que le cessez-le-feu soit bien respecté”, a précisé M. Le Drian. “Nous allons mettre des drones pour protéger tout cela, nous allons aider au maintien du cessez-le feu dans les jours qui viennent”.
– Doublement des observateurs –
Un porte-parole de l’OSCE, Michael Bociurkiw a avoué ne pas savoir si les appareils de Paris et Berlin voleraient dans le cadre de la mission de l’OSCE ou bien séparément. “Les discussions (à ce sujet) se déroulent à un très haut niveau”, a-t-il dit.
L’OSCE, déployée depuis mars en Ukraine, dispose de 80 observateurs dans l’est du pays, un chiffre qu’elle espère pouvoir doubler rapidement.
Dans un entretien téléphonique Vladimir Poutine et son homologue suisse Didier Burkhalter, président en exercice de l’OSCE, ont souligné “la nécessité d’augmenter le potentiel” de la mission de l’OSCE, selon un communiqué du Kremlin.
Selon le quotidien allemand Bild de samedi, Berlin envisage par ailleurs d’envoyer 200 soldats en Ukraine pour assurer la sécurité de la mission de l’OSCE et poursuit des discussions en ce sens avec Paris. “Il ne s’agit pour le moment que de discussions exploratoires”, a indiqué le ministère allemand des affaires étrangères. L’envoi de militaires allemands à l’étranger nécessiterait le feu vert du Bundestag.
Washington dépêche de son côté lundi à Kiev la principale responsable des questions européennes au département d’Etat, Victoria Nuland, rendue célèbre en début d’année quand certains de ses propos peu amènes à l’endroit de l’Union européenne avaient été rendus publics.
A trois semaines des élections législatives, Mme Nuland, considérée comme une bête noire à Moscou, doit parler avec les dirigeants de Kiev “de l’aide des Etats-Unis aux efforts de réforme en Ukraine, du conflit dans l’est de l’Ukraine et du soutien des Etats-Unis à l’intégrité territoriale” du pays, selon le Département d’Etat.
Mme Nuland est ensuite attendue mercredi en Allemagne, puis en Finlande.
Les sanctions économiques prises par les Occidentaux contre la Russie continuent quant à elles de produire leurs effets, le rouble ayant plongé lundi à un nouveau plancher de 40 roubles pour un dollar. La monnaie russe a perdu environ 20% de sa valeur face au billet vert depuis le début de l’année.